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sentiront que, dans leur intérêt aussi bien que dans le nôtre, il faut, avant de s’en occuper, s’accorder avec eux sur la réponse qu’il est inévitable que je leur fasse, et que je suis, Dieu sait, bien disposé à discuter avec eux.

Donnez-leur à dîner avec les ambassadeurs le plus tôt possible. Nous conviendrons ensuite, vous et moi, de ce que j’aurai à faire à cet égard.


Mardi 8 février 1831, à 10 heures trois quarts.

Oui, sans doute, mon cher général, j’ai tâché d’endoctriner ceux que j’ai vus de la députation, mais j’ai été mesuré et je devais l’être ; cependant, il est essentiel que je vous fasse part de mes observations et de ce qu’ils m’ont dit avant que vous les voyiez. Ainsi je suis fâché de vous déranger, mais il faut que vous me sacrifiiez une demi-heure avant midi. Quelques minutes de conversation avec moi suffiront pour vous mettre au fait de ce qui s’est dit et passé hier au soir et des dispositions individuelles, aussi bien que pour me fixer moi-même sur des points que je ne puis arrêter sans vous. Malgré ma circonspection, nous avons parlé de tout, et il faut que vous sachiez comment avant de les voir, d’autant que j’entrevois ce qu’ils demanderont.

Vous serez très content de ce que j’ai dit à lord Granville. Marchons ainsi. Notre succès n’est pas certain et tant s’en faut. Mais bon courage.

J’ai quelque envie d’envoyer chercher Charles de Naples, ils me le demandaient. Nous en parlerons.


Mardi matin à 10 heures, 9 février 1831.


Je suis, mon cher général, de l’avis de M. de Talleyrand quant au fond, mais pas du tout quant à la forme, ou plutôt quant au moment. Ce n’est pas dans un billet que je puis vous développer mes idées sur ce que vous devez répondre aujourd’hui à M. de Talleyrand ; mais je le regrette d’autant moins que je sais que vos idées sont entièrement d’accord avec les miennes sur ce point et que vous rédigez mieux que personne. Gardons-nous seulement d’adhérer aux deux protocoles, mais soyons formels et explicites dans la dépêche sur le refus de Nemours, et ajoutez que nous le sommes également dans le langage que nous tenons à tous. Dites que ni de votre bouche, ni de la mienne, il n’est pas sorti une parole qui ne soit la pénible expression de ce refus