à devenir, en un mot, de plus en plus apte au témoignage juste.
Mais, que le développement cérébral subisse, pour des raisons pathologiques, un ralentissement ou un arrêt définitif, à une phase quelconque de l’enfance ; alors, indépendamment de tous les autres signes, corporels ou psychiques, qui marquent dans l’organisme ce retard ou cet arrêt de développement, on observe, comme une des conséquences fatales de cette arriération, de cette débilité mentale, une infirmité proportionnelle de la perception, de la mémoire, du jugement, etc. ; la persistance de l’état infantile de l’esprit entraînera la persistance de l’activité mythique ; le débile, l’arriéré, incapable de percevoir la réalité, de la retenir sans déformation, et de la reproduire sans altération, sera un mythomane. Il sera donc, par suite de sa débilité mentale, incapable de témoigner.
Nous voici déjà sur le terrain pathologique, et l’on peut voir ainsi combien la transition est facile, entre les deux domaines, normal et morbide, de l’activité intellectuelle, puisqu’il suffit d’un simple trouble, même partiel, du développement organo-psychique, pour qu’un sujet, qui semble par ailleurs tout à fait sain, reste, à l’âge adulte, aussi incapable de témoigner qu’un enfant.
C’est que le témoignage met en jeu une telle somme de qualités psychiques, qu’il apparaît, en effet, comme un des réactifs les plus sensibles et comme la marque la plus probante du degré d’équilibre et de perfection de la mentalité. Et si les bons témoins sont si rares, c’est parce que les esprits complets et équilibrés sont, en réalité, exceptionnels.
Les imperfections de développement de l’esprit entraînent donc, chez l’enfant arriéré, et, plus tard, chez l’adulte, la persistance, l’exagération et le caractère anormal de l’activité mythique, c’est-à-dire la mythomanie. La mythomanie nous apparaît alors comme un stigmate de dégénérescence mentale. En effet, elle s’associe toujours, dans ses manifestations, à d’autres marques de déséquilibration psychique. Ces marques de déséquilibration sont des tares intellectuelles, affectives et morales, qui inspirent les paroles et dirigent les actes de ces sujets, et confèrent ainsi à la mythomanie une gravité sociale et, par suite, un intérêt judiciaire et médico-légal de premier ordre.