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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/369

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professeur Lasègue d’examiner l’enfant, qui finit par avouer que l’attentat à la pudeur n’avait jamais existé que dans l’imagination de sa mère. »

Bien d’autres exemples, que j’ai cités ailleurs, prouvent la puissante influence exercée sur les dépositions des enfans et des débiles par la conversation de l’entourage et les questions des parens. Ce sont souvent celles-ci qui constituent seules, ou presque seules, le dossier des accusations portées par les petits sujets. Ainsi s’arrange et se fixe une histoire, que l’enfant apprend par cœur, et dont rien, ensuite, ne saurait le faire démordre. L’enfant n’en veut rien oublier en la récitant, reste invariablement fidèle à la version fixée dans sa mémoire, et n’apporte à son récit de variantes, que celles qui lui sont commodément suggérées par les interrogatoires successifs.

C’est par le même mécanisme qu’exercent leur influence sur le témoignage des débiles, les suggestions de la Presse, illustrée ou non, qui décrit et représente les scènes dramatiques, sur lesquelles auront à déposer plus tard des témoins.


Les sourds-muets, souvent faibles d’esprit et suspects au point de vue de la capacité testimoniale, peuvent témoigner lorsque leur développement intellectuel est considéré comme suffisant, et qu’on peut communiquer avec eux par écrit. La plupart du temps, l’assistance d’un professeur de sourds-muets est nécessaire pour servir d’intermédiaire entre le témoin et les magistrats.

Chez le débile adulte, le plus souvent déséquilibré, on reconnaît les mêmes élémens générateurs de l’altération du témoignage. La mythomanie se traduit chez lui par les divers aspects de la fabulation fantastique : hâblerie, mystification, auto-accusation criminelle, hétéro-accusation calomnieuse, simulation d’attentats, etc.

Parmi les Déséquilibrés dont le témoignage est extrêmement suspect, figurent les hystériques et les épileptiques. Chez ces malades, le témoignage est altéré par des troubles variés, soit de la perception (illusions, hallucinations), soit de la mémoire (amnésie, paramnésie, états de crépuscule, de somnambulisme, d’obnubilation, de vertige, etc.), soit de la conscience (états de confusion, de délire, etc.), soit du jugement, soit enfin par des états passionnels violens.