Pôle, puisque ce point, au moins pour ce qui est du Pôle Nord, étant en pleine mer, ne peut, aux termes des conventions internationales en vigueur, devenir la propriété de personne. Le glaçon même qui porte le drapeau qu’a planté Peary, est déjà, en vertu d’une loi physique connue depuis quelques années, entraîné assez loin, à l’heure où nous parlons, du point géographique que l’on appelle le Pôle Nord. La possession de ce glaçon, désormais illustre, présentera bien peu d’intérêt car, dans un délai probable de deux ou trois ans, il sera fondu, à moins qu’il ne soit allé se figer dans quelque détroit, où d’autres glaçons l’auront bloqué, dans tous les cas, très loin de son point d’origine.
Mais, de ce qu’il ne résulte pas de bénéfice financier proprement dit, ni même d’important progrès cartographique dans le fait de la vue du Pôle Nord par un œil humain, la question n’en est pas moins très intéressante au point de vue scientifique. Elle est liée à la clef de très grands problèmes, dont nous allons esquisser, en passant, quelques-uns, car la science vulgaire les ignore, ou bien les a perdus de vue au cours de la recherche longue et acharnée qui a été faite de ce point mystérieux.
Disons tout d’abord que l’on savait très bien, a priori, qu’au Pôle Nord il ne devait y avoir aucune terre, et même qu’il devait s’y trouver une mer profonde. On le savait en vertu d’une conception théorique digne d’attention, celle de Lowthian Green ; mais ce n’était en somme qu’une hypothèse, bien qu’elle fût appuyée sur de curieuses expériences. Et il était nécessaire de la vérifier directement, car, en matière scientifique, toutes les expériences, même les plus ingénieuses, et toutes les hypothèses, même les plus vraisemblables, ont quelquefois été démenties brutalement par le fait, et, jusqu’au dernier instant, celui où l’on a dûment constaté le fait, on n’est jamais sûr de rien.
L’expérience de Lowthian Green étant assez peu connue, il peut être intéressant de la rappeler ici.
La Terre, on le sait (ou du moins tous les savans sont maintenant d’accord pour l’admettre), après avoir pris une forme sphérique, qui a succédé probablement, si la célèbre doctrine de Laplace sur la formation des Mondes est exacte, à la forme