Au Nord de l’Amérique, il paraît n’en pas être ainsi. Les glaces traversées par Peary présentaient une surface relativement unie. Il semble que, dans ces parages, la banquise, au lieu d’être formée de morceaux qui s’accumulent les uns sur les autres, ait, au contraire, une tendance à se disjoindre et à s’étaler. Les chenaux d’eau libre causés par ces fractures sont le principal obstacle que rencontrent les voyageurs. Il est vrai de dire que, par de pareilles températures, la surface de ces crevasses ne tarde pas à se figer, et qu’au bout de quelques heures la glace nouvelle, formée dans ces conditions, peut supporter le poids des hommes et des traîneaux. C’est à la surface d’une banquise ainsi constituée que Peary a progressé vers le Nord, d’une façon dangereuse, mais rapide.
Il est très rare pourtant que la glace, formée directement par la congélation de la surface de la mer, atteigne, dans l’océan Arctique, une épaisseur de plus de 2 mètres, quel que soit le froid atmosphérique. Car le bassin polaire est rempli d’une eau dont la température, près de la surface, paraît être + 1°, et est probablement, vers le fond, voisine de + 4°.
Mais cette glace unie, l’icefield, se brise sous les énormes pressions latérales qu’elle subit, ainsi que sous l’influence des marées. Ses fragmens s’accumulent, se redressent, s’attachent les uns aux autres par le regel, et forment des amoncellemens appelés hummocks ou des toross. Le tout, soudé à diverses reprises, constitue le pack de la banquise.
Quant aux icebergs, ou montagnes de glace, d’une épaisseur beaucoup plus considérable, et qui atteignent souvent, dans leur dérive, avant de fondre complètement, les zones tempérées de l’océan Atlantique, où les navires les rencontrent, ils proviennent en général, non pas de la congélation des mers, mais des glaciers terrestres qui couvrent les parties insulaires ou continentales de la région arctique. Aussi ces énormes blocs sont-ils formés en général d’eau douce, et non pas d’eau salée.
Les îles arctiques, et le Groenland, notamment, sont couvertes d’une énorme accumulation de neige, provenant des apports atmosphériques, et qui, peu à peu, se transforme en glace. C’est ce qui arrive dans les glaciers des régions montagneuses de nos climats. De même que ceux-ci, les glaciers polaires marchent. Seulement, ils descendent jusqu’au niveau de la mer. Lorsque leur front, dont la hauteur mesure parfois des