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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/427

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séjour de l’homme aux pôles pourra donner la solution, et surtout le nombre des gros problèmes que l’on pouvait se poser et qui pouvaient modifier du tout au tout ce que nous appelons notre connaissance du globe et ce qui n’est en fait que l’échafaudage de nos hypothèses, est considérable.

M. Schrader a mentionné l’intérêt que présenterait, pour les nations européennes, l’établissement d’une série d’observations circumpolaires pouvant annoncer aux pays civilisés de l’hémisphère Nord l’avenir probable des saisons, de même que les stations météorologiques transatlantiques leur annoncent aujourd’hui les tempêtes.

Nous laissons de côté les applications industrielles que l’Humanité future saura sans doute faire, pour ses besoins, de sa conquête du Pôle. Dans un avenir plus ou moins prochain, les hommes sauront probablement emprunter, aux régions polaires et à la calotte de glaces surabondante qui s’y trouve les eaux et le froid nécessaires pour arroser et tempérer les Saharas. Ils sauront capter sur l’axe du monde des provisions d’énergie qui donneront aux régions habitées des réserves de force auprès desquelles les forces industrielles actuelles ne sont que des quantités infiniment petites.

Mais ces différons problèmes, dont la solution existe en germe dans la Science actuelle, sortent du cadre de notre esquisse d’aujourd’hui. Dans celle-ci, nous avons seulement voulu montrer que la simple vue du Pôle résout déjà des problèmes du plus haut intérêt.

Beaucoup de savans et aussi beaucoup de gens non savans diront demain, comme ils le disaient hier : « Assurément il n’y a rien aux Pôles. On s’en doutait bien. » Mais si, contrairement à toute attente, après avoir franchi l’horizon que limitait la banquise, les explorateurs s’étaient trouvés tout à coup en présence de quelque organe étrange, ou de quelque phénomène insoupçonné, toutes les hypothèses scientifiques se seraient, comme il arrive toujours en pareil cas, instantanément, assouplies. Elles auraient été remplacées par d’autres hypothèses également logiques : le sens commun, de même que la logique de la Science, sont toujours d’accord avec la découverte d’hier, Ils ne le sont pas toujours avec celle de demain.

Pour en revenir à la question d’utilité de la découverte du Pôle, la Science pure ne se préoccupe pas des applications