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départ faire partie du cortège jusqu’à Saint-Quentin, en compagnie du grand-duc de Wurtzbourg. D’Anvers, Marie-Louise lui écrit une lettre de pensionnaire, avec des amabilités de commande qui ne laissent point pénétrer ses vrais sentimens à l’égard de sa belle-sœur, mais à peine Leurs Majestés sont-elles revenues à proximité de Paris que Caroline est rappelée près d’elles : « 2 juin. — Je pars pour aller dîner à Saint-Cloud où je couche ce soir. » Parle-t-elle de rentrer à Naples, l’Empereur se fâche et allègue qu’on est à l’époque des grandes chaleurs, qu’il serait imprudent de voyager par ces journées brûlantes : « Se mettre en route avec cette chaleur ! »

D’ailleurs, les fêtes recommencent de plus belle, et la consigne est d’y assister ; elles se transportent de nouveau à Paris, prodigieux galas ou réjouissances publiques, et c’est en pleine capitale que doit se clore par une série d’éblouissemens la triomphale période. Les Majestés de second rang, les Majestés accompagnatrices, les Altesses impériales, royales, sérénissimes, ont en perspective les solennités de juin après celles d’avril et de mai : un trimestre de fêtes. En vain Caroline voudrait-elle « esquiver » les dernières ; elle doit les subir jusqu’au bout.

Le 10 juin, c’est la réception grandiose donnée à l’Hôtel de Ville par la municipalité de Paris ; la Reine y danse au quadrille d’honneur avec le vice-roi d’Italie. Pour le 14, la princesse Pauline annonce une fête de nuit dans ses jardins de Neuilly, une féerie, et à propos des préparatifs tout le monde qui vit autour d’elle est en l’air. Au milieu d’un affairement dont chacun se fatigue, il n’y a pour rester en belle humeur que le mari, Borghèse, le moins gênant et le plus content des maris, qui prend tout en bonne part : « Borghèse est toujours gai, fou, s’amuse de tout et t’envoie mille complimens, » écrit Caroline à Murat. Au soir dit, c’est la fête sans pareille, quatre heures d’enchantemens et de surprises, dans un décor de verdure illuminée. Le 24, c’est l’énorme festival donné par la Garde Impériale au Champ-de-Mars et à l’Ecole Militaire. Le 1er juillet, Caroline est au bal chez le prince de Schwartzenberg, à cette fête finale qui se termine en catastrophe et fait succéder à une clarté d’apothéose une sinistre rougeur d’incendie. De l’hôtel qui subitement prend feu, elle est tirée par le grand-duc de Wurtzbourg et le maréchal Moncey avant d’avoir eu conscience du danger ; si elle fût restée quelques instans de plus, que fût-elle