réponse des Libéraux. « Vous allez, disent-ils, mettre des droits sur le blé, la viande, le beurre venant de l’étranger. Vous ferez hausser le prix de la nourriture populaire. Vous prétendez que la hausse des salaires compensera et dépassera cette hausse. Qu’en savez-vous ? Ce sont des espérances. La hausse du coût de la vie sera une réalité. » Aussi appellent-ils les Unionistes : The food taxers. C’est l’éternelle discussion entre protectionnistes et libre-échangistes à laquelle nous avons assisté en France, il y a quelques années, lorsque a été établi le droit protecteur sur les blés, et je m’étonne que l’exemple de la France où ces droits ont valu à l’agriculture une incontestable prospérité, sans que le prix du pain ait sensiblement augmenté, ne soit pas invoqué en réponse par les protectionnistes. Mais ceux-ci ne parlent que de l’Allemagne ou des Etats-Unis, pays de protection économique et de gros salaires, et ils espèrent apaiser par ces deux exemples l’appréhension que la hausse des denrées nécessaires à la vie fait naître chez les ouvriers. Ils comptent aussi beaucoup sur l’argument qu’ils résument eu une phrase concise : Tax the foreigner, argument qui a toujours prise sur les masses dont l’esprit simpliste ne soupçonne même pas la question compliquée de l’incidence de l’impôt. Aussi le Tariff Reform est-il beaucoup plus populaire que je ne croyais en arrivant. Loin d’être une difficulté, c’est pour les Unionistes plutôt une force. Ils se défendent, en promettant une hausse des salaires, contre leurs adversaires radicaux et socialistes qui les accusent de vouloir ramener la classe ouvrière à la misère à laquelle elle était réduite avant que le grand Robert Peel n’eut pris courageusement son parti de rompre avec une partie de ses amis politiques et ne se fut rangé du côté de l’anti-corn law league. Qui l’emportera ? Bien habile qui le dirait, car cette question économique se complique dans une certaine mesure d’une question patriotique et militaire. Dans le projet de Tariff Reform, une préférence serait accordée aux produits des colonies et on compte que les colonies répondraient à cette préférence en contribuant à la défense navale de l’Angleterre. Et c’est ainsi que la question du Tariff Reform se trouve liée à celle de la Naval de fonce.
C’est dans cette question de la défense navale qu’apparaît surtout la phobie germanique. Les Libéraux, M. Asquith et M. Lloyd George en particulier, reprochent avec violence à