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passé depuis la réforme de 1832. Cette crise n’est pas terminée. Une assez longue période d’agitations va probablement suivre, agitations qui certainement lui seront nuisibles et pourront l’affaiblir momentanément. Mais elle en sortira et réalisera probablement, comme elle a su toujours le faire à temps, les réformes indispensables dans son organisme, entre autres la réforme de la Chambre des Lords sur la nécessité de laquelle tout le monde est d’accord, peut-être aussi, dans une centaine mesure, celle du régime de la propriété foncière. Je crois bien aussi que l’Angleterre ne résistera pas toujours au vent protectionniste qui, à tort ou à raison, souffle dans le monde entier. Mais ce sont là des questions secondaires par rapport à ce que redoutaient beaucoup des meilleurs amis de l’Angleterre. Je crois pouvoir les rassurer. L’Angleterre n’est pas à la veille d’une révolution politique, encore moins d’une révolution sociale. Agitée à la surface, elle n’est point troublée dans ses profondeurs, pas plus que ne le sera, par le vent qui fait rage ce matin, la mer que je vais repasser tout à l’heure, rappelé à Paris par les intérêts, les devoirs et par les douces chaînes qui retiennent à son foyer l’homme d’âge, sans lui faire regretter sa liberté. Aussi loin que l’œil d’un contemporain peut voir dans l’avenir, il ne sera point porté d’atteinte profonde aux fondemens de la Constitution anglaise. Les socialistes ne cesseront pas d’invoquer le nom de Dieu. A la fin de toutes les réunions, les Libéraux et les radicaux, aussi bien que les Unionistes, continueront de chanter à pleine voix le God save the King, et l’Angleterre demeurera ce qu’elle a été depuis un siècle : le modèle des grands et libres pays.


HAUSSONVILLE.