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LE
PROBLÈME PÉNITENTIAIRE
AU MOMENT PRÉSENT

Comment les peines que la société prononce contre les coupables doivent-elles être exécutées pour produire l’effet qu’elle en attend ? Ainsi pourrait être formulé le problème pénitentiaire. Il ne relève pas seulement de l’Economie sociale et du Droit proprement dit : il relève plus encore de la psychologie ; car c’est elle qui, somme toute, en fournit les données principales. Et quand nous disons la psychologie, nous n’entendons pas seulement la science du caractère et du tempérament de l’homme en général, nous entendons aussi la psychologie particulière de la nation et celle de la génération devant qui le problème se pose — de nouveau — à un moment donné. Ce qu’il importe avant tout de savoir, le voici : comment la société régulière qui inflige la peine et la société criminelle qui la subit réagissent-elles l’une sur l’autre ? Qu’est-ce que la première peut obtenir de la seconde ? Qu’est-ce que la seconde peut accepter utilement de la première, et qu’est-ce qu’elle peut lui restituer ? Toutes les deux ont été solidaires dans le mal, car il n’est pas douteux que nous avons tous notre part de responsabilité dans les crimes que nous punissons : toutes les deux sont encore solidaires dans l’œuvre de réparation.

La façon dont un chef de famille corrige ses propres enfans le rendra lui-même meilleur ou plus mauvais. On peut en dire autant d’un patron, d’un capitaine, bref, de quiconque disposant