semaine passent encore assez vite avec le travail ; il n’y a que le dimanche qui semble un peu long. »
Un peu au-dessus sont les détenus qui s’appliquent à devenir ce qu’ils n’ont peut-être jamais été, des travailleurs s’intéressant à ce qu’ils font, cherchant même de nouveaux procédés, les essayant et les perfectionnant. Ceux qui deviennent à la prison de bons, d’excellens ouvriers, ne sont pas rares. C’est un fait d’expérience que dans la cellule les hommes apprennent facilement ce qui les aurait rebutés dans la dispersion de la vie libre. Les Flamands, par exemple, y apprennent le français plus vite que chez eux. Ceux qui peuvent exercer leur ancien métier en soignent volontiers les détails. Beaucoup sont obligés d’en apprendre un autre : mais les insuccès sont rares, et on a quelquefois à enregistrer des inventions ou des découvertes. Qu’elles soient réelles ou qu’elles soient imaginaires, elles ont toujours demandé de cet homme si peu instruit un effort d’intelligence intéressant. J’ai causé longuement avec un détenu entré en 1893, ancien domestique, ancien braconnier, connu autrefois pour sa paresse et son esprit de rébellion, condamné enfin pour vol et assassinat. Il a appris à Louvain la fabrication des engins de pêche de toute nature. Il y est devenu très habile. Aussi est-ce un des plus gais, des plus ouverts, des plus passionnés pour son travail, qu’il est heureux de m’expliquer. C’est aussi l’un des plus reconnaissais ; car lorsque je lui donne le bonjour de son ancien directeur retraité, il m’en parle lui-même avec émotion me disant : « Il était pour moi un vrai père, et si je sortais, ma première visite serait pour lui. » En attendant, le confectionnais l’apprécie à ce point, qu’il a offert de le prendre dans ses ateliers de Bruxelles, comme contremaître, si le ministère lui accorde la libération conditionnelle.
Cette faveur, on l’a demandée pour lui en 1907, et on me prie d’insister moi-même dans les bureaux où l’on sait que je trouve toujours un accueil si bienveillant. Les traditions administratives résistent encore. Sur place, ceux qui ont été depuis si longtemps en contact perpétuel avec un détenu si amendé, trouvent que la sévérité est excessive ; et, d’une manière générale, l’administration belge n’est pas réputée pour être prodigue de mesures de clémence. Elle peut répondre, il est vrai : Vous vous félicitez avec nous des résultats du système ; les aurions-nous si notre homme avait toujours eu devant les yeux la