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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/702

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des instrumens. Il s’est servi de la droite pour le Congo, de la gauche pour la loi militaire. Il est resté constitutionnel. Il a respecté le jeu des partis, mais en les employant comme des équipes successives, utiles au fonctionnement régulier de la machine, prenant d’elles tour à tour ce qu’elles avaient de meilleur, profitant sur sa route des relais de majorité pour avoir toujours un attelage frais. C’est dans ce sens que ce règne, si grand vu du dehors, est intéressant aussi au point de vue parlementaire. La leçon qui s’en dégage place toute chose à son rang et montre de quelle médiocre importance sont les luttes politiques même les plus violentes, quand un arbitre éclairé les maintient dans la voie du progrès national.


La Belgique, à la mort de Léopold II, offre le spectacle d’une prospérité magnifique.

De ce progrès les statistiques témoignent. Accroissement de la population, accroissement des ressources, accroissement de l’activité, rien ne manque au tableau. Avec près de 7 millions et demi d’habitans, chiffre qu’augmentera encore l’excédent constant des naissances sur les décès (69 791 en 1907), la Belgique fait face à un budget de 620 millions tant aux recettes qu’aux dépenses, dont le progrès accuse l’extension de l’activité gouvernementale. Son commerce est particulièrement actif ; près de trois milliards et demi à l’importation, deux milliards et demi à l’exportation, deux milliards de transit. Le tonnage de sa marine marchande dépasse 150 000 tonnes. Le réseau de ses chemins de fer n’est pas loin de représenter 5 000 kilomètres. Ajoutez à cela, pour établir le bilan de cette jeune raison sociale, les 15 millions d’habitans et les 100 millions de commerce du Congo.

Dans la métropole seule, le nombre des établissemens industriels atteint 320 000 avec 650 000 chevaux-vapeur, et ces établissemens occupent environ 1 200 000 ouvriers. Pour la houille seulement la quantité moyenne extraite dans les dernières années dépasse 24 millions de tonnes. Les recettes nettes des chemins de fer à voie large et à voie étroite se montent à 55 millions. Si vous vous reportez au début du règne, le chemin parcouru s’exprime par les chiffres suivans : accroissement de la population, 3 millions d’habitans ; des recettes de l’état, 460 mil-