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lions ; de l’importation, 3 milliards ; de l’exportation, 2 milliards ; du tonnage de la marine marchande, 120 000 tonnes.

Il suffit d’ailleurs de visiter la Belgique pour recueillir, comme en Allemagne dans les provinces industrielles, une saisissante impression d’activité et de richesse. L’intense mouvement du port d’Anvers est connu de tous. Il est avec Hambourg le grand débouché de l’Europe centrale et peut attendre un nouvel essor du développement de la clientèle congolaise. Dans les autres villes, même moins importantes, l’esprit d’ordre et d’initiative n’est pas moins sensible. L’agriculture est scientifiquement menée. Le prix du terrain est en hausse constante. L’élévation du taux des salaires, passés du simple au double, la diminution du prix des objets de consommation courante ont augmenté le bien-être. L’épargne est largement développée. Des institutions de mutualité et de prévoyance ingénieusement multipliées écartent le risque d’un interventionnisme imprudent, tout en assurant aux travailleurs des garanties nécessaires. La population est en plein mouvement matériel et moral. Les luttes politiques et les luttes sociales, pour ardentes qu’elles aient été, n’ont pas étouffé le sens de la solidarité nationale, cette allégresse collective qui rend les peuples capables d’un effort joyeux et fécond. La Belgique est digne de sa prospérité et saura la conserver.

Léopold II a eu du reste le constant souci de l’amélioration matérielle qui rend la vie des nations plus saine et plus douce à la fois. On lui a fait grief d’avoir été un grand bâtisseur : c’était la coquetterie de son patriotisme de vouloir son pays plus beau et plus attrayant. Dans tous les ordres, économique et artistique, il a beaucoup construit. À Bruxelles, c’est le Palais de Justice, les Halles centrales, la Bourse, le Palais des Beaux-Arts, l’Hôtel des Postes, les casernes d’Etterbeek, les boulevards circulaires, l’avenue Louise, l’avenue de Tervueren, le musée du même nom, la prison de Saint-Gilles, les serres coloniales de Laeken. À Anvers, c’est l’aménagement du port, la démolition et la reconstruction des anciens quais, la régularisation de l’Escaut, la création des nouveaux bassins, sans oublier les travaux militaires exécutés dans cette ville connue à Namur et à Liège. Ailleurs, c’est la grande jetée de Blankenberghe, les deux estacades d’Ostende, l’hôpital et l’école normale de Mons, l’ascenseur hydraulique de la Louvière, le barrage de la Gileppe,