plaisir que tu as reçu une bonne lettre de l’Empereur… Faisons tout notre possible pour le contenter et le conserver dans les mêmes dispositions. » A propos des multiples questions débattues entre le gouvernement impérial et le royaume, elle engage toujours Murat à céder. Ces questions, elle les étudie pour les mieux traiter par lettres ; elle comprend l’importance des différends économiques soulevés entre les deux États ; pour elle, la question des draps de France et des cotons napolitains n’a plus de secret.
Napoléon venait d’accorder quelques facilités aux importations napolitaines dans les ports et les Etats d’empire, mais il repoussait l’article principal, à savoir les cotons, parce que Murat continuait de fermer le royaume aux draps de France. Caroline supplie son mari de lever cette prohibition pour obtenir par réciprocité l’avantage désiré ; elle se montre pressante, exigeante : « Je t’engage de nouveau à envoyer le plus tôt possible ton adhésion, car, si tu diffères encore, l’Empereur peut se fâcher et exiger ce qu’il demande sans rien accorder pour les cotons. »
Les lenteurs de Murat à se décider finissent par lui attirer de la part de sa femme une impérieuse réprimande : « Tu finiras par mécontenter l’Empereur et par perdre tous les avantages qu’il consent à accorder à tes cotons. Tu ne connais guère ta position si tu crois que toutes ces lenteurs ne peuvent pas être préjudiciables. Si l’Empereur l’a demandé, c’est qu’il le veut, et tu devrais le faire avec d’autant plus d’empressement que cela s’accorde avec les intérêts du royaume. » La prétention de Caroline est de déterminer et d’accélérer la solution des principales affaires sans jamais les régler par elle-même.
Il est vrai que les affaires viennent parfois la chercher et la saisir ; elles la contraignent, en l’absence du Roi, à des décisions d’urgence. Le 19 août, un très désagréable incident survient. Pendant le défilé des voitures qui amènent au palais les personnages officiels, à l’occasion d’un cercle de cour, le cocher de M. de Grosbois, chargé d’affaires de France, se prend de querelle avec un gendarme napolitain ; le Français est malmené et battu. Or, s’il est chez l’Empereur un principe avéré, affirmé par d’écrasans témoignages, c’est de venger avec la dernière rigueur toute insulte faite en pays étranger même au plus infime de ses sujets. Le cas napolitain paraît d’autant plus susceptible de conséquences qu’il y a un redoutable précédent. En Hollande, c’est à la suite d’un outrage infligé à la livrée de notre