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elle trouve facilement les hommes chargés du service des pièces, mais les conducteurs sont tout à fait insuffisans en ce moment ; il y aura un grand effort à faire encore pour mettre cette arme à hauteur de sa tâche. Les bonnes volontés ne manquent pas ; il est à espérer qu’elles lèveront les difficultés présentes.

Au résumé, l’armée territoriale est une force sérieuse. Elle comprend 14 brigades montées et 14 divisions d’infanterie[1], qui ont une composition identique à celle des brigades de cavalerie et des divisions de l’année régulière, sauf que chaque division ira que deux batteries d’obusiers au lieu de trois et que toutes les batteries de campagne sont à quatre pièces au lieu de six ; c’est encore une forte proportion de bouches à feu, étant données la mission à remplir et la nature du terrain sur lequel se dérouleront vraisemblablement les opérations. En dehors des brigades et des divisions, l’armée territoriale comporte encore des troupes d’armée (2 régimens de cavalerie, 8 compagnies télégraphistes, une compagnie d’aérostiers), enfin des troupes de défense des côtes. L’effectif complet doit atteindre 313 075 hommes.

La valeur de l’armée territoriale est-elle suffisante pour donner toute indépendance à l’armée active ? Peut-on compter sur elle pour s’opposer à un débarquement ? Nous avons vu que la crainte d’une invasion par une puissante armée n’était point chimérique dans l’hypothèse faite à la Chambre des Lords : l’Angleterre sans alliances et aux prises préalablement avec des difficultés extérieures privant la métropole d’une grande partie de sa Flotte et de son armée régulière ; telle était la situation pendant la campagne Sud-Africaine. Dans ce cas, il est certain que l’armée territoriale, même soutenue par une division active, serait impuissante à arrêter un envahisseur maître de la mer et débarquant en grandes forces. Mais dans la seconde hypothèse que nous avons envisagée, la plus probable, l’Angleterre prenant parti avec sa force expéditionnaire pour ses alliés dans une guerre continentale, nous estimons que l’armée territoriale est capable de parer au danger, très problématique d’ailleurs, d’une invasion opérée par des forces relativement peu nombreuses, d’assez médiocre qualité et forcément mal pourvues en cavalerie et en artillerie. L’infanterie territoriale serait très bonne pour

  1. Un fait à noter, c’est que l’armée territoriale anglaise, en avance sur la nuire à cet égard, compte 10 bataillons cyclistes ; notre organisation cycliste ne dépasse pas la compagnie !