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la défensive dans toute la contrée qui enveloppe Londres, objectif obligé de l’envahisseur ; cette région, en effet, qui ressemble à notre Normandie, avec ses prairies entourées de haies épaisses et ses horizons limités, est éminemment favorable à la défense pied à pied par des hommes qui combattent dans leur propre pays, contre un adversaire qui, au contraire, n’a aucune habitude d’un pareil terrain. L’infériorité numérique de l’envahisseur ne lui permettrait pas l’enveloppement que certaines armées considèrent aujourd’hui comme l’unique moyen d’enlever des positions ; l’insuffisance de son artillerie lui rendrait les attaques de front extrêmement difficiles et coûteuses ; enfin tout l’enthousiasme patriotique, toute la force morale seraient évidemment du côté du soldat qui a pris volontairement les armes pour défendre son foyer, son pays, sa patrie. Nous sommes donc convaincu que les quatorze divisions territoriales suffisent, à elles seules, à remplir la mission qui leur est assignée. Si à cette armée de milice s’ajoutait l’appui d’une division régulière laissée dans la métropole, tout nous porte à croire que l’envahisseur serait mis à mal et rejeté à la mer, aussitôt la concentration des forces anglaises effectuée, opération qui, bien préparée, ne serait pas longue. Nous insistons sur ce mot de concentration, car souvent nous avons constaté, surtout en Angleterre, que l’idée de concentration n’était pas assez solidement ancrée dans les esprits. Ainsi un officier général a prétendu que chaque division territoriale devait manœuvrer exclusivement sur le territoire de son comté, afin d’être à même de le défendre plus efficacement. Si chaque division attendait sur son propre terrain l’attaque de l’ennemi, celui-ci arriverait facilement à Londres sans obstacles.

Nous avons dit que des déficits sérieux existaient dans le corps des officiers. Afin de le combler, on a institué un corps d’entraînement pour officiers (Officers-Training-corps), pépinière de futurs chefs. Ce corps est formé d’élèves des établissemens analogues à nos lycées et collèges et d’étudians des Universités : dans chaque école et faculté, on a créé des cours militaires qui sont suivis volontairement. Les jeunes gens de l’Officers-Training-corps sont répartis en bataillons, en escadrons et en batteries et instruits par d’anciens officiels et sous-officiers ; ils sont astreints à des exercices réguliers et à des séjours dans des camps. Les unités qu’ils forment diffèrent de nos anciens