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Dette a reçu d’une façon irrévocable mission d’administrer et de percevoir certains revenus ; pour les emprunts de chemins de fer et autres auxquels certaines garanties ont été affectées, notamment des dîmes de vilayets, la Dette contrôle la correction des affermages, intervient dans la perception des revenus et collabore avec les agens du gouvernement, afin d’en assurer la rentrée. Son action, la surveillance qu’elle exerce sur les magasins où se conservent les dîmes perçues en nature, les poursuites qu’elle exerce directement contre les contribuables retardataires apportent un élément précieux dans cette partie de l’administration. À maintes reprises, les délégués au Conseil de la Dette ont présenté des observations au gouvernement à propos des revenus et de leur mode de perception. Mais, tout en rendant un hommage éclatant aux services que la Dette a rendus et en affirmant sa volonté inébranlable de ne jamais porter la moindre atteinte à ses pouvoirs, le ministre a voulu affirmer son droit, que nul d’ailleurs ne songeait à contester, de conclure une opération de crédit en dehors d’elle.

L’histoire des négociations de cet emprunt de 1909 est encore trop récente pour qu’il convienne d’en divulguer tous les détails ; mais il est possible d’en retracer les traits principaux qu’il est intéressant de noter parce qu’ils marquent une date dans l’évolution des finances ottomanes. Djavid bey poursuivait un but essentiel à ses yeux : rompre avec les méthodes du régime précédent, supprimer les mystères des marchandages occultes, les contrats concédés à des favoris de Yildiz, travailler au grand jour, devant le Parlement ottoman comme devant l’Europe, et obtenir, par le libre jeu des forces concurrentes, toutes appelées à produire leurs offres, le prix le plus élevé et les conditions les plus favorables pour l’État emprunteur. Un ministre ne pouvait se proposer un idéal plus louable ; peut-être anticipait-il sur l’avenir et devançait-il l’époque où la Turquie, comme d’autres grands Empires, pourra émettre directement ses emprunts sans même passer par l’intermédiaire des banquiers. Quoi qu’il en soit, il fut porté à la connaissance du monde des affaires que la Turquie demandait un capital nominal de 7 millions de livres turques (environ 160 millions de francs) dans les conditions que nous avons indiquées plus haut.

Un groupe anglais, représenté par un financier dont la réputation n’est plus à faire et qui venait de fonder une banque