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constitution remonte à 1863 ; elle a reçu alors une concession et des statuts approuvés et modifiés successivement par des firmans en date de 1863, 1875 et 1875. Elle existait depuis 1856 sous forme de société anglaise établie à Londres au capital de 500 000 livres avec plusieurs succursales en Turquie ; elle fut alors transformée en Manque impériale ottomane au capital de 2 700 000 livres turques, dont la moitié était versée. Elle reçut le privilège exclusif d’émettre des billets au porteur remboursables à vue, ayant cours légal dans l’Empire ottoman, et ce, jusqu’à concurrence du triple de son encaisse métallique. Ses autres opérations consistent à effectuer l’encaissement des revenus de l’Empire de toute nature ; à opérer, pour compte du gouvernement, à l’intérieur et à l’extérieur, le paiement des coupons de la Dette, des bons du Trésor et de tous mandats émanés de l’administration ; à soumissionner des emprunts pour son propre compte ou pour celui de tiers ; à se charger de leur négociation et à ouvrir au gouvernement des crédits à valoir sur les revenus, à faire le commerce des monnaies et métaux précieux. En 1865, le capital fut porté à 101 250 000 francs, et en 1874, par voie de fusion avec la Banque austro-ottomane, à 250 millions, divisés en 500 000 actions de 500 francs, dont la moitié est versée. Elle est administrée par un conseil, siégeant à Constantinople, formé de quatre directeurs et trois administrateurs, nommés par un comité anglo-français institué à Paris et à Londres. Les trois administrateurs résidant à Constantinople doivent être agréés par le gouvernement.

L’histoire de la Banque ottomane touche de près à celle des finances de la Turquie, auxquelles elle n’a pas cessé d’être intimement mêlée, surtout depuis 1874. À ce moment, qui fut celui des plus grands embarras financiers de l’Empire, elle devient le trésorier-payeur général, est représentée dans la commission du budget, et doit recevoir la totalité des revenus publics. Elle est chargée, à l’exclusion de toute autre société, de la négociation des bons du Trésor ; elle a un droit de préférence sur toute émission : l’honorable Thomas Bruce, présidant l’assemblée des actionnaires appelée à ratifier cette convention, put dire « qu’elle était sans précédent dans l’histoire des compagnies indépendantes ou des institutions financières du monde. » Et en effet depuis lors, elle fut le véritable banquier du Trésor auquel elle rendait des services d’autant plus précieux que ses