administrateurs occidentaux représentaient des maisons de premier ordre, dont les capitaux et la puissance contribuaient singulièrement à son prestige. Une ombre passa au tableau en 1895, lors de la direction générale de sir Edgard Vincent, esprit aventureux qui parut un moment entraîner la Banque hors des voies où elle s’était maintenue jusque-là avec autant de sagesse que de bonheur. Mais il ne tarda pas à disparaître et ses successeurs français ont repris avec éclat les traditions qui ont consolidé la fortune de l’établissement et en ont fait le meilleur soutien du crédit ottoman.
Ses opérations avec le Trésor ont été pendant longtemps si fructueuses que les services de banque proprement dits restaient au second plan. L’émission des billets n’a jamais atteint un chiffre bien considérable ; aujourd’hui même, elle ne dépasse guère une vingtaine de millions de francs, somme bien faible par rapport à la population et à l’étendue de l’Empire. Mais ces billets ne sont remboursables qu’à Constantinople ou au lieu démission et ne sont guère connus du public provincial, qui préfère se servir des espèces métalliques et qui aurait besoin de se familiariser avec le papier. Les comptes de virement devraient aussi être développés et seraient d’une grande utilité pour les commerçans, auxquels ils épargneraient des transports de monnaies longs, coûteux et périlleux. Le gouvernement jeune-turc paraît avoir compris le parti qu’il peut et doit tirer de cette banque prospère, sur le crédit de laquelle il appuie le sien propre et qui doit être à sa dévotion, notamment pour l’organisation de ses services de caisse en province.
La Banque agricole n’est pas, comme la Banque ottomane, une société par actions. C’est un département ministériel, rattaché jusqu’ici au ministère des Travaux publics, mais qui devrait avoir une existence financière indépendante si les règles qui ont présidé à sa création étaient observées, — et il est permis d’espérer qu’elles le seront à l’avenir. Le capital de cet établissement devait être formé par le prélèvement régulier d’un centime additionnel sur certains impôts fonciers : ces perceptions successives ont formé la somme prévue de 10 millions de livres turques : mais Abdul-Hamid a puisé là comme ailleurs à pleines mains, et plus de la moitié de ce capital a été dilapidée par le Palais sous l’ancien régime. Le reste a été prêté aux agriculteurs, conformément à l’objet de la Banque qui avait été fondée en