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où il a particulièrement figuré ; et aussi les erreurs où l’entraînement des temps et la faiblesse humaine l’avaient précipité sous ces deux rapports. Mais vous comprenez que j’abandonne la partie politique à qui voudra la juger ; je me déclare ici tout à fait incompétent. Le rôle immense que M. de Talleyrand a joué dans les affaires de ce pays appartient à l’ordre commun ; la société, « dans le cours de cette Révolution qui dure depuis cinquante ans » (c’est l’expression de M. de Talleyrand), a changé dix fois de formes et de maîtres, et M. de Talleyrand a prétendu faire consister son patriotisme à arrêter autant que possible la Révolution sous toutes les formes de gouvernement et sous tous les maîtres : il se dit « le défenseur constant de la monarchie française, » et il en appelle « à tous les hommes impartiaux qui l’excuseront certainement, » affirme-t-il. Je ne juge pas un tel procès… Je ne trouvai donc à tout ceci qu’un défaut, c’était de paraître et d’être réellement déplacé dans un acte semblable, où il ne pouvait et ne devait être question que des malheurs et des égaremens de sa vie religieuse. Mais, sous ce dernier rapport, il y avait dans cette pièce des choses fort remarquables, fort consolantes, et qui sont devenues le fond de la déclaration que M. de Talleyrand a adressée au Souverain Pontife.

Ce que j’y ai trouvé de plus singulièrement remarquable, je ne crains pas de le dire, c’est le langage qu’il y tient sur le protestantisme, sur « cet ennemi de l’unité, » comme il l’appelle, semblant vouloir désigner par-là ce qui fuit le caractère propre et distinctif, en même temps que le signe de réprobation et l’incurable plaie du protestantisme…

Mais ce qui est plus digne encore d’observation, c’est l’hommage qu’il rend au « vénérable Pie VII » (expression pour lui consacrée) ; c’est la simplicité avec laquelle il se déclare toujours « enfant de l’Eglise ; » c’est sa disposition à condamner de nouveau le schisme constitutionnel, « si l’Eglise le juge nécessaire ; » c’est enfin la solennité des paroles qui achèvent cette déclaration : « Mes derniers vœux seront pour l’Eglise et pour son chef suprême. » Suivent quelques lignes pleines de bienveillance et d’affection pour Mgr l’archevêque : « S’il lui plaît de faire passer sous les yeux de Sa Sainteté les explications sommaires qui précèdent, et la déclaration qui la termine, il m’aura donné une nouvelle preuve de cette bonté qui le distingue et qui m’attache très sincèrement à lui. »