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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 56.djvu/169

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LA CRUE DE LA SEINE.

car il tient à la reproduction souterraine des conditions qui signalaient précédemment le travail superficiel de la pluie. Il est dû à ce que l’eau d’infiltration, en arrivant sur le substratum étanche, y circule en petits filets qui, modifiant peu à peu la forme du contact, y tracent un réseau de petits sillons s’anastomosant de façon à venir déboucher au dehors, sur le flanc du coteau, à peu près comme les fleuves débouchent dans la mer. Nous n’avons qu’à y gagner, l’eau s’accumulant en des points qui prennent dès lors une valeur économique et industrielle spéciale.

Il va de soi que le niveau souterrain du sol perméable est, pour ainsi dire, en compte courant avec l’extérieur, recevant les contributions pluviaires et dépensant les ruissellemens sourciers. L’économie du phénomène complet comprend d’infinies particularités dont nous citerons seulement les principales.


V

Un niveau d’eau étant établi comme nous venons de le définir, on peut concevoir le sol perméable comme étant composé normalement de trois régions superposées : tout au fond, la roche gorgée d’eau, c’est-à-dire dont les interstices, les pores ou les fissures, sont noyés ; plus haut, une roche dont l’humidité va en diminuant, à mesure qu’on s’élève dans la masse ; enfin, à la surface, une épaisseur plus ou moins notable humidifiée par le contact de l’atmosphère et des eaux qu’elle fournit.

L’état hygrométrique de cette partie superficielle varie dans de larges limites d’un moment à l’autre : par le temps humide, elle s’imprègne en appelant à elle l’eau qui la mouille par en haut ; en temps de sécheresse, elle se dessèche par évaporation et par rappel de bas en haut du liquide infiltré. Ce balancement est accentué encore par les incidens de la végétation poussant sur la roche considérée, et nous reviendrons tout à l’heure sur ce point d’importance maîtresse.

Supposons maintenant qu’il vienne à pleuvoir : une partie de l’eau tombée entre dans la terre et constitue une sorte de niveau différant surtout du niveau inférieur en ce qu’il n’est pas soutenu. Aussi, nous le figurons-nous nécessairement comme descendant progressivement en gardant plus ou moins sa forme