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avait été écrit sur elle ; nous avons surtout fouillé les vieilles archives et peut-être le résultat de nos études, en même temps qu’il apportera ici une contribution à l’histoire des mœurs, des sciences et des arts dans notre pays, aidera-t-il à la poursuite et à la réalisation d’une grande œuvre nouvelle.


I. CRÉATION DE LA MÉNAGERIE PAR LOUIS XIV. — PREMIÈRE PÉRIODE, DE 1662 A 1698

Louis XIV avait vingt-quatre ans quand, en 1662, il résolut d’agrandir et d’embellir le domaine de Versailles qui avait été créé par son père trente-huit ans auparavant. Le jeune roi ne s’occupa d’abord que du parc et un de ses premiers soins fut d’y faire construire une nouvelle ménagerie. Il choisit, avec son premier architecte Le Vau, un emplacement situé sur le chemin de Saint-Cyr, à 1 600 mètres du château, tout près d’une ferme où se trouvaient déjà sans doute un chenil, une « volerie » et un élevage d’animaux destinés à sa table, ce qu’on appelait alors ménage ou ménagerie. Le plan de Le Vau était ingénieux et original. Jusqu’à ce moment, dans toutes les cours princières, aussi bien de l’étranger que de France, les loge mens des animaux sauvages gardés en captivité avaient toujours été disséminés en différens points du domaine : ici, se trouvait la « maison des bêtes féroces, » ou la « volerie » des rapaces ; là, le parc aux cerfs et aux rennes, les écuries et les étables pour les éléphans, les buffles et les girafes ; autre part encore, les volières, les bassins ou les viviers ; quelquefois même un seul de ces groupes d’animaux était représenté. A Versailles, Louis XIV en voulant que tout fût réuni en un même lieu créa la première ménagerie au sens actuel du mot. L’espace choisi, — il n’était alors que de trois à quatre hectares, — fut disposé pour recevoir le plus grand nombre d’animaux possible ; tout fut construit avec luxe et arrangé de façon à être vu, pour ainsi dire d’un seul regard. Le Vau traça sur le terrain, au nord de la ferme, une surface ayant la forme d’un éventail ouvert ; à la base de cet espace, au niveau de la « tête » de l’éventail, il plaça un petit château de plaisance pour le repos du Roi et de ses invités et, en avant du château, faisant saillie dans une cour centrale, un pavillon octogonal avec un balcon d’où l’on pouvait voir sept cours d’animaux rayonnant tout autour de la cour centrale. Réservant la