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soin, quand un nouvel animal arrivait, de le faire représenter en peinture par Nicasius ou par Boël, en miniature sur vélin par Nicolas Robert et par Jean Joubert. Elle servit ensuite à faire quelques essais d’acclimatation avec les animaux qui arrivaient en plus grand nombre. Les cerfs du Gange, en particulier, ne tardèrent pas à s’y reproduire ; les cygnes de Hollande s’y multiplièrent tellement qu’ils couvrirent de leurs bandes, non seulement le grand canal et les bassins du parc, mais encore les rives de la Seine ; des oies d’Egypte, des demoiselles de Numidie et des autruches furent lâchées également en liberté dans le parc où elles poursuivaient les promeneurs en quêtant quelque morceau de pain, ; des autruches pondirent, et leurs œufs servirent à Perrault à faire, sans succès du reste, quelques expériences d’incubation artificielle ; enfin les perdrix de Barbarie étaient apportées de leur pays en si grand nombre que Colbert put recommander, à leur arrivée sur les côtes de Provence, d’en lâcher quelques bandes dans l’île de Porquerolles.

Quant aux animaux qui mouraient à la ménagerie, leurs cadavres furent anatomisés d’abord par Perrault qui dirigeait les dissections faites par Gayant (de 1669 à 1672), par Dionis (de 1672 à 1674) et par Du Verney (à partir de 1674). La peau des bêtes était soigneusement enlevée, puis bourrée de foin et suspendue par la tête pour sécher. Leurs organes, une fois disséqués, étaient dessinés et gravés sur cuivre par Louis Châtillon, Bosse, De la Pointe et Sébastien Leclerc ; les squelettes étaient préparés par un nommé Colson, « menuisier en ébeyne. » C’est ainsi que Perrault put écrire et illustrer quarante monographies d’animaux sauvages qui furent publiées successivement à partir de 1681, sous le titre d’Histoire des animaux. Cet ouvrage, qui était complété dans l’ordre des sciences naturelles par une Histoire des plantes, était écrit en latin et imprimé sous la direction de J.-B. Duhamel, secrétaire de l’Académie des Sciences.

Perrault mourut en 1688 des suites d’une piqûre anatomique qu’il se fit en disséquant un chameau. Du Verney continua son œuvre avec l’aide du chirurgien Méry ; mais la publication de l’Histoire des animaux cessa complètement en 1696, époque à laquelle Louis XIV va commencer à se désintéresser de sa ménagerie.