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directeur Jussieu dut néanmoins multiplier démarches sur démarches. Ce fut seulement sur l’intervention du représentant du peuple Crassous que, le 12 avril 1795, juste un an après le départ des animaux, les délégués du Muséum purent venir prendre les objets qui se rapportaient aux logemens de ceux-ci ; mais, comme il fallait s’y attendre, ils n’y trouvèrent plus à glaner que quelques portes à glissière, des panneaux grillagés, des ferrures et des auges en pierre. La plupart des bâtimens et des cours de la ménagerie avaient été loués le 28 fructidor de l’année précédente ; seuls restaient non loués et inutilisés la cour de l’éléphant et les appartemens du petit château. Ces appartemens étaient encore en bon état « parquetés, boisés et dorés ; » il est cependant probable que les meubles et objets précieux en avaient été vendus ou transportés à Paris. Pendant deux ans, l’inspecteur des bâtimens nationaux, Loiseleur, continua à s’occuper de la conservation et de l’entretien du petit bateau de la ménagerie. Au mois de janvier de l’année 1796, un devis estimatif des réparations urgentes de couverture d’ardoises à faire aux différens bâtimens s’éleva, pour les combles du petit château, à la somme de 36 000 livres. On refait la même année quelques tra- vaux de maçonnerie. En 1801, ce château existait encore, car dans l’ordonnance de vente de la ménagerie, en date du 22 nivôse dont nous parlons plus loin, les glaces, cheminées, statues étaient exceptées de la vente générale pour être vendues séparément comme objets mobiliers. Mais c’est la dernière fois que nous entendons parler de ces appartemens qui avaient tant excité l’admiration des contemporains : tout fut rasé à une date et dans des circonstances qui nous sont inconnues.il ne resta plus que le rez-de-chaussée du pavillon octogone, c’est-à-dire la grotte, qui n’a disparu définitivement que de nos jours, en 1902.

La location de la ménagerie proprement dite n’avait dû être faite que pour un temps très court, car le 15 ventôse de l’an IV (février 1796), les archives de Seine-et-Oise nous apprennent que les locaux et les jardins dépendant de l’ancienne ménagerie sont mis à la disposition du sieur Boursault, entrepreneur des équipages d’artillerie, pour y loger des chevaux de guerre. Deux ans après, un arrêté du Directoire exécutif, en date du 17 messidor an VI, affectait la Ménagerie ainsi que la ferme adjacente à l’établissement d’une Ecole d’économie rurale qui n’eut également qu’une brève existence. Cet établissement, la première