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« Je... taillable de la paroisse de... en conformité des ordres de Monseigneur l’Intendant et sous peine de payer le double de mon imposition de taille et de 30 livres d’amende, en cas que la présente déclaration ne soit pas valable, déclare que... etc. »

Dans leurs déclarations, les contribuables devaient tout d’abord donner des renseignemens sur leur situation de famille, indiquer s’ils étaient mariés ou non, et, le cas échéant, faire connaître le nombre de leurs enfans « en distinguant les garçons d’avec les filles et ceux qui sont au-dessous de sept ans de ceux qui sont au-dessus. » Ils devaient ensuite fournir un relevé complet et détaillé de leurs différens revenus, qui, dans la plupart des provinces, étaient répartis sous quatre rubriques : revenus fonciers, revenus provenant du commerce et de l’industrie, traitemens et salaires, revenus mobiliers.

La première catégorie s’appliquait aux propriétés bâties, immeubles ruraux et aux bestiaux. Les déclarans étaient invités à fournir un état détaillé de tous les biens qu’ils exploitaient soit à titre de propriétaires, soit comme locataires, fermiers ou colons. Les maisons étaient imposées d’après le montant des loyers ou par comparaison. Les terres étaient réparties par catégories et taxées d’après un barème. Faute de cadastre, c’étaient les cultivateurs eux-mêmes qui étaient requis d’indiquer, pour chaque parcelle, l’étendue et la qualité du terroir et le genre de culture, ainsi :

Au lieu dit « La Motte, » 5 arpens de première qualité, plantés en vigne ; 20 arpens de troisième qualité, également en vigne ;

Au lieu dit « Les Pâtis, » 15 arpens de pré de deuxième qualité, etc.


Les bestiaux étaient généralement l’objet d’une taxation spéciale et fort compliquée. En Limousin, on distinguait les bêtes employées au labour de celles qui étaient destinées à la reproduction ou engraissées en vue de la boucherie. Les vaches « qui donnent du lait et font des veaux » étaient traitées autrement que celles qui travaillent aux champs. Dans certaines régions de Picardie, on voulut frapper les animaux « à raison de leur âge » et de l’importance de la localité où ils se trouvaient : ainsi « le profit d’un bœuf d’un an » était estimé à 8 livres, celui d’un bœuf de deux ans à 16 livres. Le profit d’un taureau « pour le service d’un village de 50 feux » était évalué à 7 livres 10 sous ;