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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 56.djvu/82

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CINQUANTE ANS DE RÈGNE

LE MONTÉNÉGRO
et son prince

De minimis non curat prætor. L’axiome barbare du vieux droit romain ne saurait être la devise des hommes d’État ; ils savent que les petites gens font les grandes révolutions, et les petits États les grandes guerres. La Prusse et le Piémont ont été de petits États. C’est d’un État minuscule, le Monténégro, qui compte moins de 250 000 habitans, que nous voudrions parler aujourd’hui pour nous demander ce qu’il est, d’où il vient, où il va, quelle place il tient dans la politique européenne. « Nous sommes petits par le nombre, mais grands par la volonté. » Les annales des Monténégrins justifient cette fière parole d’un de leurs princes et leur patriotisme veut en faire une prophétie. Ils ont eu, jusqu’au degré héroïque, la volonté de vivre libres ; ils se sont réfugiés, pour ne pas mourir, dans l’aridité des hautes montagnes et ils en descendent aujourd’hui pour subsister : c’est leur histoire et c’est le problème de leur avenir.


I

Les géologues nomment « butoirs » certains noyaux de formation ancienne qui ont arrêté ou dévié les plissemens plus récens. Dans l’histoire des peuples aussi, il y a des « butoirs »