l’acte concordataire de 1855. La Monarchie apostolique sur laquelle Pie IX, quinze ans plus tôt, fondait de si flatteuses espérances, lui signifiait ainsi, tout à la fois, qu’elle ne le connaissait plus et qu’elle le connaissait encore ; et la thèse qu’elle laissait entrevoir au sujet des effets juridiques du Concile devait, dans la suite, offrir une aide puissante aux revendications des vieux-catholiques. Car, logiquement parlant, si le droit public admettait que le catholicisme de 1871 n’était plus celui de 1869, tous les titres de propriété, droits ou privilèges de l’Eglise pourraient être réclamés par une société religieuse qui prétendrait être l’équivalente exacte, et dès lors l’héritière normale, de cette Eglise de 1869, à laquelle le Concile avait « substitué une Eglise nouvelle. » Mais l’Autriche fut la première à se dérober à cette logique ; et la thèse même qu’elle soutenait fit l’effet d’une aventure, où les autres Etats ne la suivirent pas.
Aussi tout d’abord la science des vieux-catholiques insista-t-elle moins sur les conséquences juridiques de ce qu’on était convenu de nommer les nouveautés conciliaires que sur leurs conséquences politiques ; et les anti-infaillibilistes se présentèrent comme les défenseurs de l’Etat menacé par la théocratie.
Ils exhumaient le droit pontifical du moyen âge, et ils l’accusaient. Leurs réquisitoires, très détaillés, très passionnés, aspiraient à faire trembler les princes sur leur trône et les bourgeois dans leurs fauteuils : il n’est pas de souverain non catholique, y lisait-on, qui puisse désormais être sûr de son pouvoir ; il n’est pas de citoyen non catholique dont la vie, la liberté, la fortune, l’honneur, soient désormais en sécurité. On eût dit qu’ils s’essayaient à semer la panique, pour qu’en face de l’ « idole du Vatican, » l’humanité menacée se ressaisît. A les lire, on risquait de considérer comme des documens pontificaux, revêtus du sceau de l’infaillibilité, certains propos ou certains écrits qui n’engageaient que les souverains temporels des Etats romains, ou qui se rattachaient, soit aux prérogatives de suzeraineté, soit aux fonctions d’arbitrage, exercées durant de longs siècles par les successeurs de Pierre.
Dans les meetings où les orateurs vieux-catholiques prodiguaient leur éloquence inquiète, on montrait l’Allemagne réelle, guettée, traquée, bouleversée par l’intrusion romaine. « La guerre de Trente ans, déclarait à Munich, devant une nombreuse assemblée, le philosophe Jean Huber, fut due surtout aux machinations