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Des froids terribles se produisirent à Cassel et à Wilhelmshöhe, à la fin du mois de décembre. Ils obligèrent l’Empereur à aller habiter l’aile Nord du château où se trouvait un meilleur chauffage entretenu par de nombreux poêles. Cependant, cette rigoureuse température n’arrêtait pas les sorties de Napoléon qui continuait ses promenades à pied ou à cheval et parfois même patinait. Les visiteurs étaient devenus moins rares. Le général de Monts note la présence de l’ancien préfet Levert, homme agréable, quoique trop pessimiste à ses yeux. Napoléon III aurait voulu s’en servir pour négocier la paix ; mais celui-ci déclina toute mission à Versailles, au grand regret de l’Empereur qui ne trouvait personne pour entamer avec succès des pourparlers.il lui aurait fallu un homme très au courant de la politique, de la législation et de ses idées, capable par une habileté personnelle de lutter contre les exigences du chancelier et d’émettre des propositions sur lesquelles les deux parties eussent pu s’entendre. Or, il ne le découvrait pas. Il finit par employer le comte Clary au détriment du marquis de Gricourt qui s’en étonna fort. Bismarck trouva Clary insuffisant. Clément Duvernois lui succéda. Malgré sa confiance en lui-même, il échoua, et Monts s’en explique ainsi : « Il est étonnant que pour une telle affaire l’Empereur ait employé un homme aussi peu capable. » Pendant ce temps, fidèle à sa tactique, Bismarck négociait avec le gouvernement de la Défense nationale, tout en laissant croire au parti bonapartiste qu’il était prêt à s’entendre avec l’Empereur. Quand Napoléon apprit les conditions de la paix, il répéta encore une fois à Monts qu’il n’aurait pu les accepter qu’à la condition de se voir détrôné à nouveau, huit jours après leur acceptation.

Malgré ses déceptions et ses tristesses, l’Empereur paraissait calme et résolu à ne plus garder qu’une place de spectateur en face de la tragédie dont son peuple était la victime. Toutefois, l’Impératrice, d’accord avec lui, avait supplié, mais vainement, le roi de Prusse de ne pas laisser entrer les troupes allemandes à Paris.

Le premier jour de la nouvelle année, une messe solennelle fut célébrée au château, où le curé Vehner de Cassel venait chaque dimanche célébrer l’office. Le même jour, Napoléon offrit