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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/215

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LA TRANSFORMATION DE LA CHINE.

est telle que, dans les règlemens des diverses écoles, il a dû être prescrit qu’on ne pourrait jamais soutenir de doctrines hétérogènes et que l’on ne devrait étudier que les philosophes qui se conforment aux opinions rituelles. L’esprit nouveau se fait sentir jusque dans la constitution de la famille. Les pouvoirs du chef commencent à être ébranlés. Les fils considérés jusqu’ici comme à peu près la propriété de leur père, qui pouvait toujours retenir leurs salaires, se montrent souvent disposés à s’émanciper, et leur libération a passé dans les mœurs, au moins dans les centres où le Chinois est en contact depuis assez longtemps avec l’Européen. Beaucoup entreprennent des opérations distinctes de celles de leurs pères et se créent ainsi une existence indépendante[1].

On pourrait citer de très nombreux exemples de cette nouvelle mentalité des esprits. À Outchang, lors de l’ouverture de la première école préparatoire, mille candidats se présentent pour soixante places. De riches particuliers prennent l’initiative de la construction des premières écoles, et les autorités provinciales installent ces écoles dans des pagodes désaffectées

Ce sont toutes les classes de la population qui réclament, dans des meetings, l’annulation des concessions de chemins de fer déjà faites, la construction de nouvelles voies ferrées, l’abolition de l’usage de l’opium, et l’on voit jusqu’aux boys et aux coolies souscrire avec enthousiasme pour le rachat de la ligne Hankéou-Pékin et pour la construction de la ligne Pékin-Kalgan, tandis qu’on illumine à Canton et que de grandes fêtes y ont lieu, le jour où l’édit impérial décrétant la fermeture des fumeries est porté à la connaissance des habitans. Toutes les publications, tous les journaux, toutes les revues discutent avec passion la question des lois constitutionnelles. Des renseignemens venus de Chine, en septembre 1909, nous apprennent que le président du Conseil des Censeurs aurait adressé au gouvernement un mémoire dans lequel il demanderait qu’un délai fut fixé pour l’établissement d’un Parlement, en Chine, et le Grand Conseil ayant examiné la question, aurait proposé que ce délai fût fixé à la quatrième de Houang-Tong, c’est-à-dire à la quatrième année de la proclamation du règne de l’Empereur actuel.

Mais c’est surtout dans le domaine des choses militaires et

  1. Voyez la Chine nouvelle, par M. Jean Rhodes, 1 vol., Alcan.