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représentans des capitalistes. Les opérations de cette banque comprennent l’émission de billets, le transport de fonds pour le compte du gouvernement, la tenue des comptes courans, les prêts pour des travaux d’intérêt public. Quant à l’établissement d’un budget et à la réorganisation des impôts, le gouvernement s’est adressé à deux diverses reprises, en 1904 et 1905, à sir Robert Hart, directeur général des douanes, pour qu’il dressât un nouveau système général d’impôts ; malheureusement il ne put donner suite à aucun des rapports qui furent élaborés par sir Robert, celui-ci ayant pris comme base de cette réorganisation l’augmentation de l’impôt foncier auquel la dynastie mandchoue, par suite des engagemens pris lors de la conquête, ne veut pas toucher. Depuis, le gouvernement se livre à des essais, à des tâtonnemens, procède par lui-même ou fait procéder à des enquêtes dans telle ou telle région déterminée, demande des rapports aux vice-rois et aux gouverneurs, aux conseils provinciaux de nouvelle formation, consulte les notables, cherche en un mot à savoir ce que peut produire d’impôts telle province, les bases sur lesquelles il pourrait établir l’assiette du futur budget ; mais la situation est difficile et nous en avons découvert le motif principal dans la résistance des vieilles mœurs. L’établissement d’un impôt régulier et d’un budget général doit être préparé de longue main. Les plus optimistes, parmi les réformateurs, ne pensent pas que cette mesure capitale puisse être prise avant la quatrième année de Houang-Tong (1913;. Si leurs prévisions se réalisaient, cette année qui doit voir à la fois, d’après les espérances des réformistes, l’achèvement de la réorganisation de l’armée chinoise, la promulgation des lois constitutionnelles, l’ouverture du Parlement, et l’établissement d’un nouveau système fiscal, serait une grande année dans l’histoire de la Chine. Mais jusque-là et tant que, d’ailleurs, on n’aura pas dressé un état exact et satisfaisant des recettes et des dépenses du pays, le manque de tout contrôle budgétaire restera la grande inconnue de la rénovation de la Chine, et, sans méconnaître la grandeur des résultats obtenus, non plus que la force du sentiment qui soutient le mouvement réformiste, on ne saurait se prononcer avec une entière assurance sur le résultat final.


ROUIRE.