Le premier tour de scrutin, pour les élections législatives, a eu lieu le 24 avril : il est très loin d’avoir donné des résultats définitifs. Les ballottages, en effet, sont plus nombreux que d’habitude, et c’est seulement le 8 mai qu’un scrutin nouveau les dénouera. Alors on pourra porter un jugement d’ensemble sur les élections. La nouvelle Chambre compte 6 membres de plus que la dernière, admirable résultat auquel ont abouti les promesses répétées d’en diminuer le nombre. Au moment où nous sommes, sur 596 élections connues, 363 sont définitives, et il reste 233 ballottages. Tel est, au point de vue numérique, le bilan de la journée du 24 avril.
Au point de vue politique, il est difficile d’en déterminer la signification d’une manière aussi précise, et cela tient, entre autres causes, à ce qu’ont eu souvent de vague les appellations, et les étiquettes que les candidats se sont données. Il y avait autrefois un certain nombre de mots très clairs qui servaient à désigner et à caractériser les partis en présence, et quelques-uns de ces mots ont subsisté, mais ils ont changé de sens au point qu’il est presque impossible de s’y reconnaître. Dans certaines régions de la France, radical signifie modéré, par opposition à radical-socialiste, et dans d’autres, socialiste signifie radical par opposition à socialiste unifié. Quelques-uns de ces vocables, très rébarbatifs en apparence, le sont devenus beaucoup moins en réalité, et un assez grand nombre de radicaux ou même de socialistes ne sont pas tout à fait ce qu’on pourrait croire. Entre eux et les progressistes, il y a aussi ce qu’on appelle les républicains de gauche. Le mot est nouveau ; il n’existait pas, croyons-nous, il y a quatre ans ; mais la chose a existé de tout temps. Les républicains de gauche sont des progressistes qui ont jugé nécessaire de colorer plus fortement leur cocarde et de se rapprocher des