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cette étoile rayonne à peu près autant que 20 centimètres de la surface solaire, c’est-à-dire émet autant de lumière que plus de six millions de bougies dont on supposerait la puissance lumineuse totale condensée sur un seul centimètre. Quant à l’étoile λ du Taureau dont la température est la plus élevée de celles qui aient été mesurées, on peut calculer que l’éclat de sa surface est plus de 90 fois supérieur à celui du Soleil.

La clarté de la lumière du jour serait donc presque centuplée si la surface solaire était semblable à celle de λ du Taureau, et sans doute nos yeux n’en pourraient supporter l’éclat ! Les torrens de lumière du Soleil qui ont inspiré tant d’odes dithyrambiques sont donc, à tout prendre, bien pâles à côté de la glorieuse clarté qui fait à d’autres étoiles une couronne éblouissante. Et ceci prouve une fois de plus que nous devons interpréter avec modestie les sensations, même les plus intenses, que nous procure le monde extérieur, et que nous ne pouvons, hélas ! mesurer qu’à l’échelle ridicule de nos habitudes.

Mais il se dégage des résultats précédens, heureusement, autre chose encore qu’une leçon d’humilité : je vais montrer en effet que nous pouvons en déduire des renseignemens assez exacts sur les dimensions des étoiles.


VIII. — DIMENSIONS DES ÉTOILES ET DU MONDE STELLAIRE

L’image d’une étoile, même la plus rapprochée de nous, se réduit dans les lunettes à un simple point lumineux. Les dimensions de ce point lumineux ne peuvent en aucune façon nous renseigner sur celles de l’étoile, car on a constaté depuis longtemps que, plus la lunette employée est puissante et parfaite, plus ce point est petit. On sait maintenant que les dimensions apparentes de celui-ci sont dues simplement aux imperfections optiques des instrumens employés, et qui font que tous les rayons émanés d’un point éloigné ne convergent pas rigoureusement dans la lunette, mais s’étalent suivant un petit disque de lumière. Tout ce qu’on pouvait affirmer jusqu’à maintenant, c’est donc uniquement que les étoiles, même les plus voisines, ont dans les plus puissans télescopes une image plus petite que l’étalement lumineux dû aux imperfections instrumentales, c’est-à-dire que cette image n’est pas mesurable. On ne