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savait en résumé rien de précis sur les diamètres des étoiles.

Or prenons, pour simplifier, l’exemple de Véga. D’après ce que nous avons vu, si cette étoile avait les mêmes dimensions que le Soleil et était à la même distance que celui-ci, elle nous paraîtrait environ vingt fois plus brillante que lui. Mais nous connaissons les distances de Véga et du Soleil, et aussi le rapport de leurs éclats réels qui a été mesuré. Nous pouvons donc calculer facilement de combien l’éclat réel de Véga nous paraîtrait augmenté si elle était rapprochée à la distance du Soleil : et nous trouvons que Véga nous paraîtrait alors réellement quarante-neuf fois plus brillant que le Soleil. Il s’ensuit que la surface de Véga dépasse celle du Soleil autant que quarante-neuf dépasse vingt et nous en concluons finalement que le diamètre de Véga est égal à un peu plus d’une fois et demie celui du Soleil. Ceci constitue la première donnée acceptable qui ait été obtenue sur le diamètre d’une étoile.

Cette méthode si simple permet donc de déterminer les diamètres de toutes les étoiles dont la température et la distance sont connues, c’est-à-dire qu’elle est applicable dès maintenant à plusieurs dizaines d’étoiles. Parlons tout d’abord de Sirius, cette reine du firmament, dont la pure lumière, sans égale parmi les étoiles visibles, a si souvent, depuis l’antiquité, occupé les poètes, les savans et les philosophes. Sirius est à une distance de la Terre relativement faible, et telle que la lumière ne met guère que neuf ans à la parcourir. Lors donc que nous regardons Sirius, nous la voyons telle qu’elle était il y a neuf ans. Or on trouve par la méthode précédente que le diamètre de Sirius est à peine supérieur à celui du Soleil, il est moindre, en tout cas, qu’une fois et demie celui-ci. C’est donc par erreur qu’on avait toujours déduit jusqu’ici de l’éclat très grand de cette étoile que son volume devrait être énormément supérieur à celui du Soleil (et on trouvera encore cette erreur dans les traités les plus récens d’astronomie). Si Sirius est plus brillante que ne serait le Soleil à sa place, c’est presqu’uniquement parce que chaque mètre de sa surface rayonne beaucoup plus de lumière qu’un mètre de surface solaire, et nullement, comme on l’avait cru jusqu’ici, à cause d’une grande différence dans les dimensions des deux astres.

Exactement opposé est le cas d’Aldébaran, la principale étoile de la constellation du Taureau. Nous trouvons en effet