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1794 (9 pluviôse an II) avait ouvert un concours pour la composition de livres destinés à l’enfance ; la question fut remise à l’ordre du jour en 1796 (ventôse an IV), et le célèbre rapport de Barbé-Marbois, si sévère pour l’œuvre scolaire de la Convention, conclut à l’impression ou à la réimpression et à la diffusion des ouvrages adoptés par un jury spécial. Au premier rang de ces ouvrages figuraient les Elémens de la grammaire française du bon Lhomond ; le rapporteur en proposait la réimpression et demandait pour son auteur une indemnité de 3 000 livres. Or le pieux Lhomond, ci-devant doctrinaire, était l’auteur de la Doctrine chrétienne et de l’Histoire de l’Église, réimprimées maintes fois, et sa Grammaire française de 1780, calquée sur sa Grammaire latine, avait une allure bien cléricale : Dieu saint ; Dieu est saint ; je crois que Dieu est saint ; — Deus sanctus, — Deus est sanctus, — Credo Deum esse sanctum. N’importe, la commission nommée par le Conseil des Anciens adopta la Grammaire de Lhomond.

Cette même commission couronnait beaucoup d’autres livres dont il n’y a pas lieu de parler ici, notamment des éléments d’arithmétique composés par Condorcet, disait Lacuée, auteur de cette partie du rapport, « dans l’intervalle qui s’écoula entre sa proscription et sa mort. »

Mais il faut arriver aux ouvrages de morale, dont Courtois rendait compte dans le rapport de Barbé-Marbois (p. 47 et suiv.). Après quelques considérations en style déclamatoire sur la nécessité de la morale, Courtois se flattait que « la morale de la nature allait enfin, avec son flambeau radieux et sa clarté puissante, affaiblir la lueur fuligineuse de toutes ces mysticités qui n’ont que trop pesé sur la nation française. » Dans les ouvrages que le jury avait « distingués de la foule immense de ceux qui furent présentés au concours, la commission avait trouvé « la morale la plus pure. » Elle avait vu que leurs auteurs, « marchant sans superstition sous les regards d’un dieu (sic, sans majuscule), conduisent, par l’espoir de lui plaire et l’amour de soi gravé dans tous les cœurs, leurs élèves dans la route de la félicité ; qu’ils sont tous d’accord pour éloigner d’eux le mensonge et l’hypocrisie, et pour former des citoyens à la vertu. Parmi ces ouvrages précieux, ajoutait Courtois, celui qui a obtenu la palme, et qui la méritait, est le Catéchisme républicain, philosophique et moral, par La Chabaussière. Qu’il est