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la Corrèze, la Creuse, le Gard, l’Hérault, la Loire, la Haute-Loire, le Lot, la Lozère et le Puy-de-Dôme ; l’Ariège, l’Aude, la Haute-Garonne, les Basses et Hautes-Pyrénées, et les Pyrénées-Orientales.

Dans ces 25 départemens, en ne se préoccupant que des bêtes bovines, ovines et caprines, et en assimilant 10 bêtes ovines ou caprines à une bête bovine, on trouve qu’il y a, d’après les statistiques officielles, l’équivalent de 3 600 000 têtes de gros bétail. La bête bovine moyenne rapportant brut au moins 200 francs par an, cela fait pour l’ensemble de nos quatre régions montagneuses principales, Alpes, Cévennes, Massif Central et Pyrénées un produit de 720 millions. Si l’on suppose que la moitié de ce bétail se nourrit trois mois en montagne, hypothèse en dessous de la vérité, il ressort que le pâturage de montagne dans les dits départemens rapporte au minimum 90 millions, chiffre infiniment supérieur aux dommages annuels moyens des inondations attribuées à l’état des montagnes, qu’on ne saurait évaluer, je pense le démontrer tout à l’heure, à plus de 2 millions ; On est par conséquent loin d’avoir intérêt à supprimer le pâturage, au profit de l’extinction des inondations, en admettant que cette extinction puisse se faire.

C’est donc à tort qu’on parle d’antagonisme entre la plaine et la montagne et qu’on excite la première à combattre l’organisation générale de la seconde. Les intérêts de l’une et de l’autre sont solidaires à tous points de vue. Les améliorations forestières favorables à leurs localités propres, les montagnards ne demandent qu’à les réaliser, et ce sont les seules que la plaine ait avantage à voir s’accomplir, car la suppression ou une réduction notable du pâturage entraînerait une augmentation énorme du prix de la viande, de la laine et du lait, un accroissement considérable de l’émigration dans une foule de villages, une perturbation générale profonde si évidemment démontrée par les chiffres qui précèdent qu’il est inutile d’insister sur ce point.

Du reste, l’augmentation de la houille blanche ne se lie nullement a une pénétration plus intime des pâturages par la forêt. Dire que la forêt absorbe la pluie et augmente l’infiltration souterraine, génératrice de sources lointaines, et qu’en même temps elle accroît la houille blanche qui, elle, est engendrée par le ruissellement superficiel, c’est lui prêter deux propriétés qui s’excluent. Si les plateaux et les versans supérieurs