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étaient intensivement boisés, la houille blanche serait au contraire moins abondante. Où sont nos plus riches mines de houille blanche ? N’est-ce pas aux sommets des vallées des Alpes, où pâturages, névés, rochers et glaciers dominent de 1 500 à 2 000 mètres les confins supérieurs des forêts ? Mais l’industrie de la houille blanche a grand intérêt à la gestion rationnelle des pelouses, celles-ci représentant l’étage inférieur de la région où elle se forme et devant être en bon état pour qu’elle s’en échappe limpide et pure.

Quant aux exhaussemens de lits qui se manifestent sur divers points de plusieurs de nos rivières, ils me paraissent dus à des approfondissemens d’autres sections situées en amont, qu’on omet de remarquer, et à une propulsion constante vers l’aval des graviers tombés dans les thalwegs, aux temps préhistoriques, bien plus qu’au délitement actuel des montagnes. Sans doute il y a nombre de ravins d’où se détachent des graviers de temps à autre, par petites quantités. Mais combien de bassins parfaitement gazonnés et immenses conservent énergiquement leur couverture herbacée d’où ne s’élancent que des nappes claires, animées d’une force vive supérieure à celle des filets troubles et lents descendant des forêts, et plus aptes, par-là même, une fois parvenues aux rivières, à la chasse des sables et des galets, au déblaiement et au nivellement des lits, et à l’augmentation de leur capacité !

Ce que la nature a créé, une vaste zone pastorale au-dessus de la forêt en haute montagne, est donc le dispositif le plus propice à l’économie hydraulique en général, et il n’y a pas à s’arrêter à la pensée de restreindre cette immense ressource qu’est le pâturage de montagne, en vue de supprimer les grandes crues qu’on ne saurait que très faiblement atténuer, et pas plus empêcher que les tremblemens de terre, les tempêtes, les raz de marée et les éruptions volcaniques.


II

Nous lisons ceci :

« La Loire et la Garonne ont causé ensemble de 1750 à 1900 30 inondations ayant coûté 100 millions chacune. La Garonne, en 1875, a détruit 6 000 à 8 000 maisons. Les versans de la Maurienne glissent avec une vitesse de 3 à 18 mètres par an sur