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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/204

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Un million, selon nous, doit être maintenu au profit des boisemens proprement dits, et cette somme est suffisante. Il n’y a en effet, nous venons de le voir, que 1 million d’hectares au plus, où se justifie le boisement aux frais de l’Etat ou avec subventions ou primes de sa part. Or, en terres maigres, on ne parvient à obtenir de rémunération passable de la dépense qu’à la condition de ne guère dépasser cinquante francs par hectare. Il convient cependant de s’arrêter au chiffre de 100 francs, afin de comprendre dans cette moyenne les frais de travaux auxiliaires, chemins, sentiers, barrages rustiques, etc., l’entretien de certains ouvrages existans, quelques constructions d’art exceptionnelles et les encouragemens aux améliorations à exécuter sur terrains pastoraux. Et comme, d’autre part, l’âge moyen d’exploitabilité de chaque essence est de 100 ans, il s’ensuit que, pour créer des forêts composées d’âges gradués de 1 à 100 ans, il est rationnel de s’assigner un délai de 100 ans, c’est-à-dire de se borner à boiser 10 000 hectares par an. On n’a d’ailleurs jamais atteint ce chiffre de 10 000 hectares et il est impossible de le dépasser, le boisement d’une région quelconque n’allant pas sans exercer de contre-coup sur les surfaces agricoles et pastorales qui, elles, ne peuvent subir d’amoindrissement que petit à petit, et au fur et à mesure des progrès de la culture intensive. D’autres raisons encore interdisent d’aller vite : par exemple, les accidens auxquels sont exposés les jeunes plants. Les étés secs font périr des peuplemens entiers. Il faut donc répartir les travaux entre un grand nombre d’années, afin de diminuer les risques. Enfin, il y aurait impossibilité de trouver une main-d’œuvre plus abondante sans nuire à l’agriculture, qui déjà manque de bras.

Un second million serait à affecter à des acquisitions de terrains par l’Etat. Sur cette somme, 300 000 francs assureraient largement le service des achats de propriétés recouvertes accidentellement par des éboulemens à caractère ruiniforme, et de quelques autres en état d’insécurité manifeste ; 500 000 achèteraient au prix moyen de 200 francs par hectare le quart des 10 000 hectares pauvres à boiser annuellement, les trois autres quarts environ, vu les préférences habituelles des communes et des particuliers, devant demeurer entre les mains des propriétaires et être boisés par voie de subvention ; 200 000 resteraient disponibles pour achats de sites forestiers de montagne,