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On visiterait ensuite au sommet de la vallée de l’Hérault le boisement de l’Aigoual, un des plus réussis des Cévennes. On s’arrêtera dans l’arrondissement de Saint-Affrique où la brebis utilise merveilleusement des causses d’apparence si infertile, où néanmoins des rideaux, des boisemens-abris, comme il en existe déjà quelques-uns, seraient à multiplier. Dans l’Aveyron, les principales rivières coulent encaissées entre des versans à demi boisés, s’élevant de 100 à 500 mètres au-dessus des thalwegs, rongés parfois par de petits affluens présentant en dimensions réduites les formes du torrent classique. On s’y trouvera en présence de terrains dont la plantation en pins créerait des paysages ravissans, mais qu’il ne faudrait boiser que progressivement, par petites surfaces, en rendant successivement au pâturage les superficies conquises, afin de ne porter aucune atteinte à l’admirable industrie de Roquefort, richesse de la contrée.

De Millau, centre de ces vallées, on passera en Lozère. On y sera frappé de la métamorphose complète par le pin des deux versans du Lot, de Bagnols à Salelles, et des pentes de la rive gauche de la Coulagnes au Nord et au Sud de Marvejols. A l’Ouest de la Margeride, on se plaira à contempler l’infinité de petites pineraies particulières des cantons d’Aumont et de Saint-Chély qui protègent contre les vents violens les pâturages auxquels elles sont mêlées, et forment avec eux un spécimen exemplaire d’aménagement approprié aux hauts plateaux.

Entre Garabit et Saint-Flour, on traversera d’immenses et pittoresques pâturages boisés livrés aux bêtes bovines et ovines, mais à partir du 1er juillet seulement, où le jeune pin néanmoins surgit de toutes parts, démontrant péremptoirement la possibilité de concilier le pâturage et la forêt, pourvu qu’on n’introduise pas le bétail avant le commencement de l’été, une lignification suffisante des jeunes pousses étant faite. On visitera la Pinatelle, forêt située à 10 kilomètres Nord de Murat, qui offre aux populations riveraines à la fois herbe et bois, c’est-à-dire les deux genres de produits les plus capables de populariser la mise en valeur des bruyères du Centre, mise en valeur réalisée d’ailleurs déjà sur une foule d’anciens communaux et de propriétés particulières des cantons d’Allanche, de Montsalvy, de Saint-Mamet, de Laroquebrou, de Meymac, d’Ussel, de Sornac, etc., et à propos desquels sont à citer les noms des Delmas, des Sarrauste