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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/247

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JEANNE D’ARC[1]

V.[2]
LA CONDAMNATION JEANNE D’ARC A ROUEN


I

Qu’un tel tribunal ait pu condamner une telle femme, voilà le quatrième mystère.

Un cardinal et deux futurs cardinaux, onze évêques ou qui le devinrent par la suite, dix abbés, plus de deux cents, on pourrait dire plus de trois cents prêtres[3], docteurs, maîtres, titrés ou non, mitres ou non, tous « clercs solennels, » selon leur langage satisfait, un corps illustre, révéré comme la lumière de la chrétienté, l’Université de Paris, un autre corps considérable dans la province normande, le chapitre de Rouen, en un mot une quantité extraordinairement imposante d’hommes

  1. Copyright by Gabriel Hanotaux.
  2. Voyez la Revue des 15 mai, 1er et 15 juin, et du 1er juillet.
  3. On ne peut préciser absolument le nombre des clercs qui ont condamné Jeanne d’Arc. A Rouen, tant juges que consulteurs et assesseurs, y compris les membres du chapitre, le chiffre total atteint de 120 à 125. Il faut joindre les membres de l’Université de Paris qui participèrent, « en très grand nombre, » aux délibérations et conclusions des facultés et du corps en son entier. — Il ne m’a pas été possible de déterminer le total exact. Mais il s’élève, probablement, beaucoup au-dessus de cent cinquante. En 1414, au concile de Paris, la Faculté de théologie compte 73 représentans, docteurs et licenciés. En 1427, le chiffre des régens de cette seule faculté est de 34. Voyez Denifle et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis (t. IV, p. 274, 468, 486, etc.).