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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/348

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tomber leurs voiles et apparaissent blanches et roses sous le soleil couchant. Sur ma route, près des villages ou isolés dans la campagne, on rencontre des pagodes et des temples dont les plus modestes comme les plus riches offrent toujours un dharmsala au voyageur qui s’y repose ou s’y abrite. Ce n’est souvent qu’une simple toiture en auvent, reposant sur des colonnes et couvrant un plancher surélevé à 30 centimètres du sol. A mi-chemin de Bhatgaon et de Katmandou se trouve la Sida-Pokhri, un autre grand tank, en forme de rectangle allongé, protégé par une ceinture de murailles et dans lequel on accède par des escaliers disposés tout autour. Quatre portes sur les quatre faces donnent accès aux pèlerins qui viennent faire leurs ablutions ; ce sont d’élégans pavillons à colonnettes ou de style divers. Dans la lumière du soir, leur silhouette légère se mire dans l’eau, sur laquelle se reflètent aussi les montagnes vertes et blanches. Mais l’ombre descend avec l’heure et m’invite à hâter le pas pour rentrer chez mon hôte.


Les jours se suivent, toujours remplis, offrant à chaque instant des spectacles nouveaux. Le moment est venu de me rendre au Palais pour faire une visite à la Maharani. Situé dans l’axe de la vallée, il est séparé de la ville par le champ de manœuvre et quelques prairies. De construction récente, en style moitié italien, moitié anglais, il m’apparaît immense avec sa façade blanche d’une longueur surprenante, ses colonnades et ses toits plats. Des ailes le flanquent de chaque côté, formant avec les bâtimens de derrière de vastes cours quadrangulaires : c’est comme un Louvre qui n’aurait que trois ans, au milieu d’arbres qui ont besoin de vieillir. Je m’y suis rendue dans le grand landau qui est chaque jour à ma disposition ; le garde à cheval marche en avant, les deux sais à l’arrière, un soldat se tient sur le siège près du cocher.

Le fils aîné du Maharaja me reçoit à la descente de voiture et, par un assez bel escalier, me conduit dans la grande salle du « Durbar » qui occupe toute une partie de la façade ; elle donne sur la large galerie ouverte qui découvre entre ses colonnes le merveilleux panorama de la vallée. Son Excellence m’attendait à la porte opposée. Elle s’avance aussitôt au-devant de moi, de telle sorte que nous nous rencontrons auprès de la vasque