pour les États-Unis : des milliers d’immigrans vont chercher fortune sur ces terres neuves ; les plus privilégiées sont alors non pas celles où les gouvernemens coloniaux exploitaient l’or naguère, mais celles dont le climat se prête le plus complaisamment au succès des immigrans blancs ; l’antique route des galions est déclassée, ce sont maintenant des traversées directes, de plus en plus rapides, de l’Europe vers les contrées tempérées du Brésil, de la République Argentine, de l’Uruguay, du Chili.
Là-bas, le moule latin est fait, et solidement trempé ; tous les apports nouveaux viennent s’y fondre et s’y amalgamer. On n’en sera pas surpris pour ce qui est des Italiens, des Espagnols, des Français même ; mais peut-être aurait-on cru plus résistans les Anglo-Saxons, les Germains, les Slaves ? Or tous, sans exception, sont peu à peu absorbés. Le Chili du Sud, celui de Valdivia, de Puerto Montt, d’Osorno, a reçu, depuis 1850, quelques milliers de colons allemands, de Saxe, Silésie et Bohême ; la langue allemande s’est maintenue pendant la première génération, elle cède aujourd’hui sur tous les points, plus vite parmi les, paysans, plus lentement dans les groupes commerçans des villes ; le chemin de fer qui s’avance du Chili central vers Puerto Montt hâte et raffermit la conquête d’une démographie à base latine. Le fait est plus frappant encore dans ces provinces méridionales du Brésil, où le peuplement allemand est si compact que les apôtres du pangermanisme les ont souvent revendiquées comme des colonies libres du Deutschthum : les colons s’y assouplissent à la vie locale, et bientôt parlent la langue du pays comme ils en consomment les alimens ; les rouliers slaves du Paranâ, les paysans polonais de Santa Catarina subissent les mêmes influences, vite dénaturés par les mariages mixtes, par l’usure des transactions et des contacts quotidiens ; l’État de Saint-Paul, rendez-vous principal des immigrans, encourage Renseignement primaire par tous les maîtres de bonne volonté, dans toutes les écoles, même étrangères ; instruits par l’expérience, ses dirigeans savent bien que toutes ces diversités initiales tendent irrésistiblement à s’harmoniser en un organisme brésilien ; un fils d’un des colons allemands de Santa Catarina, M. Lauro Müller, a été l’un des ministres des Travaux publics les plus « nationaux » du Brésil.
Il n’y a, dans l’Amérique du Sud, presque plus d’Indiens qui vivent en dehors d’une administration moderne : le Pérou