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Finances a renvoyé à plus tard la création des ressources afférentes aux retraites ouvrières. Ne sachant pas à quel moment la nouvelle loi commencera à fonctionner, il a préféré attendre très patiemment d’être fixé sur ce point. Il parait qu’aujourd’hui on commence à l’être ; on dit que, l’exécution de la loi devant avoir lieu dès le milieu de l’année prochaine, il faudra ajouter 45 millions de recettes au budget. Où les prendra-t-on ? Sur les successions sans doute, bien qu’elles soient déjà écrasées par des charges sans égales dans aucun autre pays du monde. Et ce n’est pas tout : il y a aussi le chemin de fer de l’Ouest dont l’exploitation directe par l’État coûtera cher. On proposera sans doute un compte spécial. On parle même dans plusieurs journaux de détruire l’unité budgétaire, sans laquelle il ne saurait à notre avis y avoir de bonnes finances, et de détacher du budget général un certain nombre de budgets particuliers qu’on qualifie d’industriels. Que de questions à la fois ! Quelle en sera la solution ? De quelle anarchie leur multiplicité ne témoigne-t-elle pas dans les esprits ? Comment combattre cette anarchie ? Si la commission du budget a peu de chose à faire aujourd’hui, elle aura demain une rude tâche ! C’est sans doute pour ménager ses forces que M. le ministre des Finances lui a soumis un budget merveilleux, miraculeux, qui s’équilibre avec une facilité surprenante, qui semble enfin ne lui avoir coûté aucun effort et n’en demander aucun à personne. Mais ce budget n’est qu’un écran : il faudra voir ce qu’il y a derrière.

Nous sommes dans une période expectante. La Chambre ne nous a pas livré le secret de sa psychologie. Parmi les nombreux projets que le gouvernement doit lui soumettre, on ne connaît encore que celui qui se rapporte à la réforme électorale : il appelle d’ailleurs de nombreuses réserves et nous en avons énoncé quelques-unes, il y a quinze jours. Le budget actuellement connu aura nécessairement des complémens jusqu’ici inconnus : c’est un budget à tiroirs, dont quelques-uns sont vides. Députés et sénateurs vont partir pour leurs vacances, et nous souhaitons qu’ils y trouvent quelque repos ; mais comment n’y apporteraient-ils pas certaines préoccupations ?


L’Espagne est en ce moment fort troublée. Elle est en butte aux pires difficultés, puisque ce sont des difficultés religieuses, et que, si les difficultés de ce genre sont partout très graves, elles le sont encore davantage dans un pays qui est resté profondément catholique. Le clergé y a conservé une grande influence et il en use avec une grande autorité. La situation de l’Espagne, à ce point de vue, se distingue de