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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/696

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Églises, même avec le concours des nationaux-libéraux ennemis de Dieu, il croyait faire ce que voulait Dieu ; et dans cette parade oratoire où, pour la première fois, il défendait un projet défavorable aux intérêts religieux, c’est très sérieusement qu’il parlait de sa foi, qu’il en faisait acte, et qu’il s’en réclamait.

Au nom même de cette foi, qui lui imposait d’être intolérant et intransigeant chaque fois que l’Etat lui semblait en jeu, Bismarck laissait ou faisait succomber les amendemens d’après lesquels le choix de l’Etat, pour la nomination des inspecteurs d’école, ne devrait se porter que sur des ecclésiastiques. Lasker considéra ces amendemens comme une déclaration de guerre que les conservateurs adressaient au gouvernement, et Bismarck reprit : « Je ne veux pas m’approprier cette dernière expression, mais il me sera permis de dire nettement que, moi non plus, je n’ai pu concevoir comment le parti conservateur abandonnait le gouvernement dans une question où, de son côté, le gouvernement est résolu à employer tout moyen constitutionnel pour obtenir la solution qu’il désire. » Le reproche demeurait encore voilé ; des souvenirs d’amitiés anciennes, nouées avec des membres du parti conservateur, maîtrisaient les sourdes colères du chancelier, mais l’heure était prochaine où, par un phénomène inverse, ces souvenirs allaient aggraver ces colères.

Au vote, l’alliance des nationaux-libéraux avec les « conservateurs-libres, » et le concours des progressistes qui voyaient dans la réforme de l’inspection une étape vers la séparation des Églises et de l’Etat, assurèrent la victoire de Bismarck ; et lorsque Guillaume, dans une fête de cour, eut témoigné ses sympathies effectives pour ce projet de loi, la majorité favorable, qui n’était primitivement que de 26 voix, atteignit ensuite 52 voix. Une caricature circula, sur laquelle Bismarck, accoutré en Siegfried, tuait un dragon à trois têtes : c’étaient les têtes d’Auguste Reichensperger, Windthorst et Mallinckrodt ; et ces trois orateurs, assis avec Pierre Reichensperger dans un salon parlementaire, furent photographiés pour une image à grand tirage qui propagea partout leurs noms et leurs traits.


VI

Un second duel attendait Bismarck. Vainqueur, dans la seconde Chambre, des avocats de l’Église catholique, il lui