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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/847

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communes en Afrique, se puissent difficilement expliquer sans une reconnaissance de fait des droits souverains de la Belgique.

Quelques jours après la déclaration du baron de Schœn, le Times s’en prenait avec amertume à l’Allemagne incapable de comprendre et d’apprécier « des considérations de sentiment pur et d’idéal qui ne touchent à aucun intérêt matériel, » comme celles qui guident la campagne anglaise contre le Congo[1].


Comment expliquer ce retard ?

S’il faut en croire la presse de l’Afrique du Sud, cette attitude de l’Angleterre devrait être attribuée moins à la campagne de M. Morel qu’aux avertissemens donnés au Cabinet de Saint-James par M. Lionel Phillipps, dans le discours que nous avons résumé plus haut.

Au mois de décembre 1908, tous les journaux de l’Afrique du Sud publiaient une note à peu près identique : « On nous rapporte de bonne source que l’hésitation de l’Angleterre à garantir l’intégrité du Congo comme colonie belge est duo aux importantes éventualités (important possibilities) qui pourraient survenir lors de l’adhésion de la Rhodésie du Nord à la Confédération de l’Afrique du Sud. Il est probable que le remarquable discours prononcé par M. Lionel Phillipps à Johannisburg, à l’occasion de la visite de M. Dernburg, a eu comme conséquence de pousser le gouvernement à prendre toutes ses précautions au sujet de cette question[2]. »

Qu’est-ce à dire ? — Nous avons constaté quel est l’état d’esprit des Africains du Sud à l’égard du Congo belge. Les richesses minières du Katanga, — dont on peut admirer les échantillons au musée de Buluwayo, — exercent sur les « Afrikanders » une véritable fascination, et le rail anglais s’avance rapidement pendant que des rivalités d’intérêts ralentissent l’effort des Belges[3] .

Déjà au Katanga même, les agens blancs des sociétés sont

  1. « In Berlin there has always been a tendency to regard as unworthy of the Realpolitiker any consideration of ethics or sentiment wich does not obviously affect materiel interest. » (Times, 29 janv. 1909.)
  2. Transvaal Leader (11 décembre 1908). Voyez de même le Rand Daily Mail (10 décembre 1908), etc.
  3. Le roi Albert Ier a fait, sur cette question des chemins de fer au Congo, un remarquable discours à l’inauguration de l’Exposition coloniale de Tervueren, le 30 avril dernier.