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Ce sont les Anglais qui ont été le plus atteints. Moins avancés, techniquement parlant, que nous-mêmes, se hâtant néanmoins d’utiliser une arme aussi redoutable pour la défense que pour l’attaque, ils ont accumulé d’inévitables malheurs. En février 1903, sur le A1, leurs moteurs à gazoline leur donnaient un premier avertissement : une explosion intérieure y faisait six blessés. Heureusement, le bateau n’était pas en plongée. Des explosions analogues se produisirent un peu partout où l’on emploie des essences volatiles. Les vapeurs de benzine, de gazoline, etc., forment avec l’air un mélange détonant qui s’accumule et qu’une étincelle enflamme. En Angleterre, c’est l’histoire du même A1 en 1904, du A5 en 1905, du C8 en 1907, aux Etats-Unis, du Fulton en 1902, du Pike et du Gramper en 1909 ; en Italie, du Foca en 1909 ; en Russie, du Delphin et du Storliad en 1904 : au total, 29 tués et 47 blessés.

A cette cause si fréquente, mais évitable, il faut ajouter certaines maladresses des premières années, évitables aussi, comme celle qui fit disparaître le Delphin dans la Neva pendant le remplissage des ballasts (réservoirs d’eau). Un mouvement trop brusque immergea le panneau ouvert : il y eut 23 noyés. Une fausse manœuvre des gouvernails de plongée, coïncidant avec une flottabilité réduite pour une cause inconnue, fit de même sombrer en mer, le 8 juin 1905, le A8 anglais. Il naviguait en surface à 10 nœuds, capot ouvert, lorsqu’il plongea brusquement. Deux officiers et deux hommes qui se tenaient dehors furent sauvés, quinze autres engloutis. Il était 9 heures du matin : à une heure de l’après-midi, deux explosions, se produisant au fond de l’eau, achevaient le désastre.

Il faudrait rapprocher des cas précédens celui du Farfadet. On s’en souvient, c’était le matin du 6 juillet 1905 ; le sous-marin Farfadet évoluait dans le lac de Bizerte. A cette époque, l’air expulsé des caisses à eau pendant leur remplissage sortait encore dans le bateau. Afin d’éviter une surpression gênante pour respirer, on ne fermait le capot qu’au dernier moment. Ce jour-là, par suite d’un obstacle, la fermeture se fait mal. Le commandant veut recommencer le mouvement en donnant cette fois un coup brusque. Trop tard : une trombe liquide, s’engouffrant par l’orifice, rejette, avec l’air qu’elle déplace, l’officier et deux hommes voisins. Le reste est précipité par dix mètres de fond. On s’empresse au secours des treize ensevelis. Un dock