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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/132

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d’argent. La France est assez riche pour faire l’effort financier nécessaire, et on est en droit d’espérer qu’on n’hésitera pas plus longtemps.

Quant à l’organisation matérielle, nous devons, sans hésiter, imiter ce qu’il y a de bon chez nos voisins. Lorsque nous aurons édifié, partout où besoin sera, des hangars abris dotés de tout le matériel nécessaire et assuré le transport de l’hydrogène comprimé avec la même perfection que les Allemands, nous n’aurons rien à leur envier.

Il nous suffira de prendre les mesures administratives nécessaires, en concentrant sous une même autorité notre personnel d’aéronautique militaire, et nous aurons sans peine, grâce à ces moyens, la première flotte aérienne du monde.

Voilà pour le présent.

Pour l’avenir, n’oublions pas un seul instant les aéroplanes ; suivons leurs progrès avec attention ; chacun de ces progrès nous rapprochera du jour où ils pourront constituer la majorité, sinon la totalité de notre flotte aérienne. Mais ne nous hâtons pas de croire ce moment arrivé, et, tant qu’il ne sera pas bien démontré que les aéroplanes constituent des aéronefs de guerre irréprochables, continuons à entretenir, quoi qu’il en coûte, notre flotte de gros dirigeables.

Tels sont les principes dont, je l’espère, les chefs de notre armée sont bien convaincus aujourd’hui. Il est à souhaiter qu’ils s’y attachent fermement, et ne se laissent pas influencer par les fluctuations de l’opinion publique, toujours prompte, en France, à tirer des incidens de chaque jour des conclusions exagérées. Fixité dans les principes et confiance dans leur valeur, voilà surtout ce qui nous a manqué dans le passé. C’est ce qui a amené la crise que nous venons de traverser et dont, il faut l’espérer, nous sommes sur le point de sortir à notre honneur.

Commandant Paul Renard.