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frapper sur certaines substances particulièrement inflammables, leur température n’est pas assez élevée pour allumer les corps sur lesquels elles tombent.

Lorsqu’une chute comprend un grand nombre de météorites, la résistance de l’air qui leur est opposée influe sur la manière dont elles se dispersent à terre. Les pierres sont distribuées sur une ellipse allongée dont l’axe répond à la projection sur le sol de la trajectoire, et dans laquelle elles sont pour ainsi dire triées par ordre de grosseur. Les plus volumineuses sont à un bout, les petites à l’autre, et les moyennes entre ces deux situations. Les météorites ne sont donc pas seulement des éclats faits dans l’atmosphère aux dépens d’un corps volumineux : elles sont avant tout des débris circulant dans le ciel comme feraient des charrois de gravats.

La surface couverte par les éclats de la météorite de Pullusk en Pologne (30 janvier 1868) était de seize kilomètres environ de longueur sur 3 kilomètres de largeur maxima. D’après le témoignage des paysans, la distance relative des pierres tombées en quantité sur la surface glacée de la rivière était de vingt à trente mètres environ.


II

Ceux qu’intéressent les roches célestes devront aller voir, au Jardin des Plantes, la collection de météorites du Muséum d’Histoire naturelle, qui comprend des milliers d’échantillons provenant d’environ trois cents chutes. Certaines masses pesant des centaines de kilogrammes, on aura une idée de la valeur matérielle de cette collection, quand on saura que les fers météoritiques se payent de un à cinq francs le gramme, les pierres de deux à vingt-cinq francs.

Mais cette valeur matérielle est d’un intérêt bien secondaire quand on envisage tout ce que nous enseignent des substances venues de l’espace. C’est avec une véritable émotion qu’on les manipule pour la première fois. Aussi est-on surpris de l’indifférence de certains savans à l’égard de ces visiteuses d’en haut, sur lesquelles ils se livrent d’ordinaire à des expériences banales, sans chercher à pénétrer leur histoire.

Parmi les météorites, les unes sont des masses compactes de fer (Sidérites), les autres sont des pierres ordinairement plus