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ou moins blanches, parfois grises et même noires, assez faciles à désagréger (Lithites), et ces deux types se rattachent l’un à l’autre par des intermédiaires très nombreux (Lithosidérites).

Pour apprécier la structure dessidérites ou fers, il faut avoir recours au moyen d’étude connu sous le nom de procédé de Widmannstætten, du nom de son inventeur, qui était, au commencement du XIXe siècle, professeur à l’Université de Wittenberg.

L’expérience consiste à faire, sur un fer ou à travers sa masse, une surface plane et polie, puis à la soumettre à l’action d’un acide, acide chlorhydrique par exemple. Au lieu de s’attaquer uniformément, comme ferait le fer terrestre, le métal céleste laisse apparaître souvent un réseau admirablement dessiné, qui doit son origine à ce que divers alliages, inégalement attaquables, occupent les uns vis-à-vis des autres des situations très régulières. Les fers météoritiques ne donnent pas tous les mêmes figures, et c’est d’après la diversité des images ainsi obtenues qu’on a déterminé et caractérisé les vingt-deux types de sidérites actuellement exposés au Muséum.

L’expérience de Widmannstætten permet de reconnaître, comme étant d’origine céleste, des masses de fer trouvées dans des pays très divers et tombées du ciel à des époques inconnues. La chute des sidérites qui s’est renouvelée plusieurs fois dans ces derniers temps a été bien moins souvent observée que celle des lithites ; mais la certitude de leur origine n’en est pas moins incontestable, leurs caractères de structure et de composition n’étant présentés par aucune roche terrestre.

Quatre types de sidérites suffiront à donner une idée exacte le ce groupe.

La Caillite se signale par la beauté de ses figures, par le nombre et le volume de ses masses. Elle tire son nom d’un bloc de 625 kilogrammes, qui est un des plus beaux échantillons de la collection du Jardin des Plantes. Ce bloc découvert, en 1828, par le naturaliste Brard à la porte de l’église du petit village de Caille, dans le département actuel des Alpes-Maritimes, était connu sous le nom de Pierre de fer, et l’on racontait, mais sans précision, qu’il était tombé une centaine d’années auparavant, pendant un très violent orage, au bruit du tonnerre. Il avait éveillé l’attention et la convoitise des forgerons et des maréchaux ferrans qui avaient essayé de