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naturalistes qui n’ont guère dépassé les limites d’une analyse chimique et minéralogique de ces corps si difficiles à interpréter.


IV

Laplace et Kant voient dans le Soleil et dans son cortège planétaire le résultat de la segmentation spontanée d’une nébuleuse initiale, en proie à la seule force d’attraction exercée sur toutes ses molécules constituantes par son propre centre de gravité. Cette notion, qui fait sentir vivement la majestueuse simplicité des moyens mis en œuvre par la Nature pour réaliser les produits les plus variés, a été vérifiée de diverses manières et de la façon la plus décisive, par exemple par la comparaison de trois des membres du système solaire sur lesquels nous pouvons avoir le moins difficilement des documens précis : la Terre et les planètes qui sont ses voisines les plus immédiates, Vénus et Mars.

Pour que les très courtes explications relatives à ce sujet ne laissent aucune obscurité, il nous suffira de rappeler que toutes les planètes circulent autour du Soleil dans des orbites comprises dans le même plan et parallèles entre elles ; que Vénus est plus rapprochée que la Terre du Soleil, et que Mars, au contraire, en est plus éloigné.

Comme, d’après la théorie cosmogonique acceptée, les planètes se sont isolées successivement et que la segmentation du système a commencé par la périphérie de la nébuleuse primitive, pour gagner progressivement ses régions intérieures, on peut dire que Mars est plus âgé que la Terre, et que celle-ci est plus âgée que Vénus.

D’un autre côté, ces trois globes ayant les analogies mutuelles les plus intimes, au point de vue du volume et des conditions générales qui leur sont faites, on peut les considérer comme trois individus inégalement âgés d’une même espèce, et dès lors il y a lieu de se demander si une évolution commune n’a pas imprimé sur eux des traces différant simplement les unes des autres par le temps qu’elles ont mis à se produire. S’il en est ainsi, nous pouvons espérer pénétrer dans le secret du développement planétaire et par-là contempler les plus grandes harmonies du monde. On va voir la part que les météorites ont prise dans cette étude.