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fragmens pour les rapprocher les uns des autres et les mélanger, enfin qui les ont cimentés de façon à en faire des roches cohérentes. Le milieu extra-terrestre d’où la météorite étudiée est originaire, présentait donc, dans ses grandes lignes au moins, d’étroites analogies avec le milieu terrestre.

Cette assertion vaut la peine d’être précisée, car on peut en tirer un fil conducteur à travers les traits de parenté de divers corps célestes, pour pénétrer dans l’histoire de l’évolution des planètes. Aussi appellerai-je l’attention sur un autre exemple, choisi entre beaucoup, des relations stratigraphiques des météorites, dont l’étude a été tout spécialement concluante.

Il s’agit du fer de Pallas. Malgré son nom mythologique, Pallas était un naturaliste russe, né à Berlin en 1741 : sa mère était d’origine française. Il accomplit, sur l’ordre de l’impératrice Catherine II, un voyage en Sibérie (1774-1786) d’où il rapporta des quantités de documens et au cours duquel il découvrit le fer qui porte son nom.

Ce fer avait été trouvé sur la cime d’une haute montagne voisine d’Yénissei, entre Krasnojarsk et Abekansk, par un cosaque, chasseur de vocation, mais forgeron de métier, qui avait été étonné de rencontrer en semblable condition du fer pliant et forgeable propre à un usage immédiat. Malgré le poids de la masse : 1 680 livres russes (près de 700 kilogrammes), le cosaque la transporta à Krasnojarsk où il eut l’occasion de la montrer à Pallas. Celui-ci en apprécia d’instinct toute l’importance et, profitant de ce que le métal s’était montré réfractaire aux essais de travail auquel on l’avait soumis, — intéressé aussi par la tradition locale qui attribuait à la masse une origine céleste, — la dirigea sur Saint-Pétersbourg où elle est encore, — moins toutefois la substance dont sont faits les échantillons distribués successivement à toutes les collections de minéralogie. Elle ne pèse plus que 520 kilogrammes.

L’examen intime de ce fer, dont l’origine astronomique a été amplement démontrée, conduit à y reconnaître le résultat d’une longue succession d’actions géologiques qui, par comparaison avec des phénomènes terrestres, confirment, en l’accentuant singulièrement, la conclusion déjà formulée. Sans entrer dans une description technique qui ne serait pas à sa place ici, nous nous bornerons à dire que le fer de Pallas n’est pas formé de métal continu comme les morceaux fournis par les usines. Le fer y